XVIII- d'un discours qui ne serait pas 
  du semblant
          
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  cours                  note
19 mai 1971 ou 18 ???
Si je commence par l’abrupt en somme de ce que j’ai 
  à vous dire, ça pourrait s’exprimer ainsi, c’est que, 
  dans ce que nous explorons, à partir d’un certain discours, dans 
  l’occasion le mien, le mien en tant que c’est celui de l’analyste, 
  disons que ça détermine des fonctions, en d’autres termes, 
  que les fonctions ne sont déterminées qu’à partir 
  d’un certain discours. Alors, à ce niveau de fonctions déterminées 
  par un certain discours, je peux établir l’équivalence que 
  l’écrit, c’est la jouissance. Naturellement ça n’est 
  casable qu’à l’intérieur de cette première 
  articulation des fonctions déterminées par un discours. Disons 
  que ça tient exactement la même place à l’intérieur 
  de ces fonctions.
  Ceci étant énoncé tout abrupt, pourquoi? Pour que vous 
  le mettiez à l’épreuve. Vous verrez que ça vous mènera 
  toujours quelque part. Et même de préférence à quelque 
  chose d’exact. Ceci bien sûr ne me dispense pas du soin de vous 
  y introduire par les voies qui conviennent à savoir celles, non pas qui 
  le justifient pour moi étant donné d’où je vous parle, 
  mais celles par lesquelles ça peut s’expliquer. Je suppose, je 
  ne suppose pas forcément, que je m’adresse ici toujours à 
  des analystes, au reste, c’est bien ce qui fait que mon discours n’est 
  pas facilement suivi, c’est très précisément en tant 
  qu’il y a quelque chose qui au niveau du discours de l’analyste, 
  fait obstacle à un certain type d’inscription; cette inscription 
  pourtant, c’est ce que je laisse, c’est ce que je propose, c’est 
  ce que j’espère qui passera, qui passera d’un point, d’où, 
  si l’on peut dire, le discours analytique prenne un nouvel élan.
  Alors, il s’agit donc de rendre sensible comment la transmission d’une 
  lettre a un rapport avec quelque chose d’essentiel, de fondamental dans 
  l’organisation
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  du discours quel qu’il soit, à savoir la jouissance. Pour ça 
  bien sûr, il faut que, à chaque fois, je vous mette au ton de la 
  chose. Comment le faire, si ce n’est à rappeler l’exemple 
  de base dont je suis parti, c’est à savoir que c’est très 
  expressément d’étudier la lettre comme telle, en tant que 
  quoi? en tant que, je l’ai dit, elle a un effet féminisant, que 
  j’ouvre mes Ecrits. Cette lettre en somme, je l’ai resouligné 
  encore la dernière fois, elle fonctionne très spécifiquement 
  en ceci que personne ne sait rien de son contenu, et que jusqu’à 
  la fin, en fin de compte, personne n’en saura rien.
  Elle est très exemplaire; elle est très exemplaire en ceci que, 
  naturellement, il n’y a qu’au benêt et encore, je pense quand 
  même qu’au benêt, l’idée ne lui est pas venue, 
  que cette lettre est quelque chose d’aussi sommaire, d’aussi grossier 
  que quelque chose qui porterait le témoignage de ce qu’on appelle 
  communément un rapport sexuel. Encore que ce soit écrit par un 
  homme et il est dit et c’est souligné, par un Grand, par un Grand 
  et à une Reine, il est évident qu’il est... que c’est 
  pas ça qui fait un drame, et que cette lettre, qu’il est de la 
  tenue d’une cour, si je puis dire, c’est-à-dire de quelque 
  chose de fondé, c’est la meilleure définition qu’on 
  en puisse donner, sur la distribution de la jouissance, il est de la tenue d’une 
  Cour que dans cette distribution, elle mette ce qu’on appelle à 
  proprement parler le rapport sexuel à son rang, c’est-à-dire 
  bien évidemment le plus bas. Personne n’y relève comme notables 
  les services qu’une grande dame peut à ce titre recevoir d’un 
  laquais.
  Avec la Reine, bien sûr, et justement parce que c’est la Reine, 
  les choses doivent prendre un autre accent. Mais d’abord, donc, il est 
  posé, ce qui est d’expérience, qu’un homme né, 
  c’est celui qui, si je puis dire de race, ne saurait prendre ombrage d’une 
  liaison de son épouse, qu’à la mesure de sa décence, 
  c’est-à-dire, des formes respectées. La seule chose qui 
  pourrait y faire objection est bien sûr l’introduction de bâtards 
  dans la lignée, mais même ça après tout, ça 
  peut servir à un rajeunissement d’un sang. Où se voit évidemment 
  ici, dans un cadre qui, pour ne pas vous être spécialement présentifié 
  dans la société actuelle, n’en est pas moins exemplaire 
  et fondamental pour ce qui est de raisonner des rapports sociaux, à quoi 
  se voit, dis-je en somme que, il n’y a rien de tel qu’un ordre fondé 
  sur l’artifice pour y faire apparaître cet élément 
  qui, là, en apparence, est justement celui qui doit paraître irréductible 
  dans le réel, à savoir, la fonction du besoin. Si je vous ai dit 
  que, il y a un ordre dans lequel il est tout à fait mis à sa place, 
  qu’un sujet si haut placé qu’il soit, se réserve cette 
  part de jouissance irréductible, la part minimale à ne pas pouvoir 
  être sublimée, comme s’exprime Freud, expressément, 
  seul un ordre fondé sur l’artefact, j’ai spécifié 
  la Cour, la
  
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  Cour pour autant qu’elle redouble l’artefact de la noblesse de ce 
  second artefact d’une distribution ordonnée de la jouissance, et 
  c’est seulement là que peut décemment trouver sa place le 
  besoin; le besoin expressément spécifié comme tel est le 
  besoin sexuel.
  Seulement ce qui paraît d’un côté spécifier 
  le naturel, être ce qui, je dirai, du point de vue d’une théorisation 
  en somme biologique du rapport sexuel pourrait faire partir d’un besoin 
  ce qui doit en résulter, à savoir la reproduction, nous constatons 
  que si l’artefact est satisfaisant à une certaine théorisation 
  primaire d’un côté, de l’autre, il laisse évidemment 
  la place à ceci, c’est que la reproduction peut aussi bien dans 
  ce cas n’être pas la reproduction je dirai entre guillemets « 
  légitime ». Ce besoin, cet irréductible dans le rapport 
  sexuel, on peut admettre, bien sûr, qu’il existe toujours, et Freud 
  l’affirme. Mais ce qu’il y a de certain, c’est que, il n’est 
  pas mesurable tant qu’il n’est pas expressément, et il ne 
  peut l’être que dans l’artefact, dans l’artefact de 
  la relation à l’Autre avec un grand A. Il n’est pas mesurable, 
  et c’est bien cet élément d’indétermination 
  où se signe ce qu’il y a de fondamental, c’est très 
  précisément que le rapport sexuel n’est pas inscriptible, 
  n’est pas fondable comme rapport.
  C’est bien en quoi la lettre, la lettre dont je pars pour en ouvrir mes 
  Ecrits, se désigne de ce qu’elle est, et de ce en quoi elle indique 
  tout ce que Freud lui-même développe, c’est que si, si elle 
  sert quelque chose qui est de l’ordre du sexe, c’est non pas certes 
  un rapport sexuel, mais un rapport, disons, sexué. La différence 
  entre les deux est celle-ci, c’est que, c’est ce que Freud démontre, 
  ce qu’il a apporté de décisif, c’est que, par l’intermédiaire 
  de l’inconscient, nous entrevoyons que tout ce qui est du langage a affaire 
  avec le sexe, est dans un certain rapport avec le sexe, mais très précisément 
  en ceci que le rapport sexuel ne peut, du moins jusqu’à l’heure 
  présente, d’aucune façon s’y inscrire. La prétendue 
  sexualisation par la doctrine freudienne de ce qu’il en est des fonctions 
  qu’on peut appeler subjectives, à condition de les bien situer 
  de les situer de l’ordre du langage, la prétendue sexualisation 
  consiste essentiellement en ceci que ce qui devrait résulter du langage, 
  à savoir que la relation sexuelle d’une façon quelconque 
  puisse s’y inscrire, montre précisément et ceci dans le 
  fait, montre son échec, elle n’est pas inscriptible. Vous voyez 
  déjà là fonctionner ceci qui fait partie de cet effet d’écart, 
  cet effet de division qui est celui auquel nous avons régulièrement 
  toujours affaire, et c’est bien pour cela qu’il faut en quelque 
  sorte vous y former, c’est que j’énonce par exemple ceci, 
  que le rapport sexuel, c’est justement dans la mesure où quelque 
  chose échoue, échoue à ce qu’il soit — est-ce 
  énoncé dans le langage ? Mais justement ça n’est 
  pas « énoncé » que j’ai dit, c’est
  
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  « inscriptible », inscriptible en ceci que ce qui est exigible, 
  que ce qui est exigible pour qu’il y ait fonction, c’est que du 
  langage, quelque chose puisse se produire qui est l’écriture expressément, 
  comme telle, de la fonction. À savoir ce quelque chose que déjà 
  je vous ai plus d’une fois symbolisé de la façon la plus 
  simple, à savoir ceci, f, dans un certain rapport avec x, f ? x.
  Donc, au moment de dire que le langage, c’est ce quelque chose q~i ne 
  rend pas compte du rapport sexuel, il n’en rend pas compte en quoi? En 
  ceci, en ceci que de l’inscription qu’il est capable de commenter, 
  il ne peut faire que cette inscription soit, car c’est en cela que cela 
  consiste, soit ce que je définis comme inscription effective de quelque 
  chose qui serait le rapport sexuel en tant qu’il mettrait en rapport les 
  deux pôles, les deux termes qui s’intituleraient de l’homme 
  et de la femme, en tant que cet homme et cette femme sont des sexes respectivement 
  spécifiés du masculin et du féminin, chez qui, chez quoi? 
  —chez un être qui parle. Autrement dit, qui, habitant le langage, 
  se trouve en tirer cet usage qui est celui de la parole.
  C’est en cela, c’est en cela que, ici, ce n’est pas rien que 
  de mettre en avant la lettre, à proprement parler comme dans un certain 
  rapport, rapport de la femme avec ce qui de loi écrite, s’inscrit 
  dans le contexte où la chose se place, à savoir, du fait qu’elle 
  est, au titre de Reine, l’image de la femme comme conjointe au Roi. C’est 
  en tant que quelque chose est improprement ici symbolisé, et typiquement 
  autour du rapport comme sexuel — et il n’est pas vain que précisément 
  il ne puisse être incarné que dans des êtres de fiction — 
  c’est en tant que ceci que le fait qu’une lettre, qu’une lettre 
  lui soit adressée prend la valeur, prend la valeur que je désigne 
  pour me lire, pour m’énoncer dans mes propres propos, ce signe, 
  ce signe, il s’agit de la lettre, est bien celui de la femme « pour 
  ce qu’elle y fait valoir son être, en le fondant hors de la 1oi, 
  qui la contient toujours de par l’effet de ses origines, en position de 
  signifiant, voire de fétiche ». Il est clair que sans l’introduction 
  de la psychanalyse, une telle énonciation qui est pourtant celle dont 
  procède, je dirai, la révolte de la femme, une telle énonciation 
  que de dire que la loi la contient toujours de par l’effet de ses origines 
  en position de signifiant, voire de fétiche, ne saurait bien entendu, 
  je le répète, hors de l’introduction de la psychanalyse, 
  être énoncée,..
  Donc, c’est précisément en ceci que le rapport sexuel est, 
  si je puis dire, est étatisé, c’est-à-dire en étant 
  incarné dans celui du Roi et de la Reine, mettant en valeur, de la vérité, 
  la structure de fiction, c’est à partir de là que prend 
  fonction, effet, la lettre, qui se pose sûrement d’être en 
  rapport avec la déficience, la déficience marquée d’une 
  certaine promotion en quelque sorte arbitraire et fictive
  
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  du rapport sexuel, et que c’est là que, prenant sa valeur, elle 
  pose sa question. C’est tout de même une occasion ici — ne 
  considérez pas que ceci s’emmanche en quelque sorte d’une 
  façon directe sur ce que je viens de rappel et mais ces sortes de saut, 
  de décalage, sont proprement nécessités par le point où 
  je veux vous mener, c’est une occasion de marquer qu’ici se confirme, 
  bien sûr, se confirme ceci que la vérité ne progresse, ne 
  progresse que d’une structure de fiction. C’est à savoir 
  que justement, dans son essence, c’est de ce que se promeuve quelque part 
  une structure de fiction, laquelle est proprement l’essence même 
  du langage, que quelque chose peut se produire qui est quoi? mais justement, 
  cette sorte d’interrogation, cette sorte de presse, de serrage, qui met 
  la vérité, si je puis dire, au pied~ du mur de la vérification.
  Ç a n’est rien d’autre que la dimension de la science. En 
  quoi se montre justement enfin que la voie dont se justifie si je puis dire, 
  la voie dont nous voyons que la science progresse, c’est que, la part 
  qu’y prend la logique n’est pas mince. Quel que soit le caractère 
  originellement, fondamentalement, foncièrement fictif de ce qui fait 
  le matériel dont s’articule le langage, il est clair qu’il 
  y a une voie qui s’appelle de vérification, c’est celle qui 
  s’attache à saisir où la fiction si je puis dire bute, et 
  ce qui l’arrête. Il est clair qu’ici, quel que soit ce que 
  nous a permis d’inscrire, et vous verrez tout à l’heure ce 
  que ça veut dire, le progrès de la logique, je veux dire la voie 
  écrite par où elle a progressé, il est clair que cette 
  butée est tout à fait efficace de s’inscrire à l’intérieur 
  même du système de la fiction, elle s’appelle la contradiction.
  Que si la science apparemment a progressé bien autrement que par les 
  voies de la tautologie, ça n’ôte rien à la portée 
  de ma remarque, à savoir que, la mise en demeure, portée d’un 
  certain point, à la vérité d’être vérifiable, 
  c’est précisément cela qui a forcé d’abandonner 
  toutes sortes d’autres prémisses prétendument intuitives, 
  et que si —je ne vais pas y revenir aujourd’hui, j’ai suffisamment 
  insisté sur la caractéristique de tout ce qui a précédé, 
  frayé la voie à la découverte newtonienne par exemple —, 
  c’est bien très précisément de ce que, aucune fiction 
  ne s’avérait satisfaisante autre qu’une d’entre elles 
  qui précisément devait abandonner tout recours à l’intuition 
  et s’en tenir à un certain inscriptible. C’est donc en quoi 
  nous avons à nous attacher à ce qu’il en est de l’inscriptible 
  dans ce rapport à la vérification. Pour en finir bien sûr 
  avec ce que j’ai dit de l’effort de la lettre dans la Lettre volée, 
  qu’ai-je dit expressément? C’est qu’elle féminise 
  ceux qui se trouvent en être dans une position qui est celle d’être 
  à son ombres
  Bien sûr, c’est là que se touche l’importance de cette 
  notion, fonction de l’ombre, pour autant que déjà la dernière 
  fois dans ce que je vous ai énoncé
  
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  de ce qu’est précisément un écrit, je veux dire de 
  quelque chose qui se présentait sous forme littérale, ou littéraire, 
  l’ombre pour être produite a besoin d’une source de lumière~ 
  Oui! et ce que j’avais fait ne vous a été sensible que de 
  ce que comporte l’Aufklärung, de quelque chose qui garde structure 
  de fiction. Je parle de l’époque historique bien sûr, qui 
  n’a pas été mince, et dont il nous peut être utile, 
  il l’est ici, et c’est ce que je fais, d’en retracer les voies, 
  ou de les reprendre, mais en elles-mêmes, il est clair que ce qui fait 
  la lumière, c’est précisément de ce qui part de ce 
  champ qui se définit lui-même comme étant celui de la vérité. 
  Et c’est comme telle, en tant que telle que la lumière qu’il 
  répand ‘a chaque instant, dût-elle même avoir cet effet, 
  efficace de ce que ce qui y fait opacité projette une ombre, et que c’est 
  cette ombre qui porte effet, que cette vérité elle-même 
  nous avons toujours à l’interroger sur sa structure de fiction.
  C’est ainsi qu’en fin de compte il ressort que, comme c’est 
  énoncé, énoncé expressément dans cet écrit, 
  la lettre, bien sûr, ce n’est pas à la femme, à la 
  femme dont elle porte l’adresse, qu’elle satisfait en arrivant à 
  sa destination, mais au sujet, à savoir, très précisément, 
  pour le redéfinir, à ce qui est divisé dans le fantasme. 
  C’est-à-dire à la réalité en tant qu’engendrée 
  par une structure de fiction. C’est bien ainsi que se clôt le conte, 
  tout au moins tel que dans un second texte, celui qui est le mien, je le refais, 
  et c’est de là que nous devons partir pour réinterroger 
  plus loin ce qu’il en est de la lettre. C’est très précisément 
  dans la mesure où ceci n’a jamais été fait que, pour 
  le faire, je dois prolonger de même ce discours sur la lettre.
  Voilà! Ce dont il faut partir est tout de même ceci, c’est 
  que ce n’est pas en vain que je vous somme, que je vous somme de ne rien 
  manquer de ce qui se produit dans l’ordre de la logique. Ça n’est 
  certes pas pour que vous vous obligiez, si l’on peut dire, à en 
  suivre les constructions et les détours. C’est en ceci que, nulle 
  part comme dans ces constructions qui s’intitulent elles-mêmes d’être 
  de 4 logique symbolique,~, nulle part n’apparaît mieux le déficit 
  de toute possibilité de réflexion. Je veux dire que rien n’est 
  plus embarrassé, c’est bien connu n’est-ce pas, que l’introduction 
  d’un traité de logique, l’impossibilité qu’a 
  la logique de se poser elle-même d’une façon justifiable 
  est quelque chose de tout à fait frappant. C’est à ce titre 
  que l’expérience de la lecture de ces traités, et ils sont 
  d’autant plus saisissants bien sûr à mesure qu’ils 
  sont plus modernes, qu’ils sont plus dans l’en-avant de ce qui constitue 
  effectivement, et bien effectivement, un progrès de la logique, qu’il 
  est celui d’un projet de l’inscription de ce qui s’appelle 
  articulation logique, l’articulation de la logique elle-même étant 
  incapable de définir elle-même ni ses buts, ni son principe, ni 
  quoi que ce soit
  
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  qui ressemble même à une matière. C’est fort étrange; 
  c’est fort étrange et c’est précisément en 
  ceci que c’est fort suggestif, car c’est bien là ce qui vaudrait 
  de toucher d’approfondir, d’approfondir ce qu’il en est, ce 
  qu’il en est de quelque chose qui ne se situe assurément que du 
  langage, et de saisir que si peut-être dans ce langage, rien de ce qui 
  ne s’avance jamais que maladroitement comme n’étant de ce 
  langage, disons, un usage correct, ne peut très précisément 
  s’énoncer qu’à ne pas pouvoir se justifier, ou ne 
  se justifier que de la façon la plus confuse, par toutes sortes de tentatives 
  qui sont par exemple celles qui consistent à diviser le langage en un 
  langage objet et un métalangage, ce qui est tout le contraire de ce que 
  démontre toute la suite, à savoir qu’il n’y a pas 
  moyen un seul instant de parler de ce langage prétendument objet sans 
  user bien sûr, non pas d’un métalangage, mais bel et bien 
  du langage qui est le langage courant. Mais dans cet échec même 
  peut se dénoncer ce qu’il en est de l’articulation qui précisément 
  a le rapport le plus étroit avec le fonctionnement du langage, c’est-à-dire 
  l’articulation suivante, c’est à savoir que le rapport, le 
  rapport sexuel, ne peut pas être écrit.
  Donc, à ce titre, et à seule fin si je puis dire de faire quelques 
  mouvements, qui nous rappellent la dimension dans laquelle nous nous déplaçons, 
  je rappellerai ceci, à savoir comment d’abord se présente, 
  se présente ce qui inaugure le tracé de la logique, à savoir 
  comme logique formelle, et dans Aristote. Bien sûr je ne vais pas pour 
  vous reprendre — encore que ce serait très instructif, ce serait 
  très instructif mais après tout, chacun de vous peut bien se donner 
  seulement la peine d’ouvrir les Premiers Analytiques, qu’ils se 
  mettent à l’épreuve de cette reprise, qu’ils ouvrent 
  donc les Premiers Analytiques, et ils y verront ce qu’est le syllogisme, 
  et le syllogisme après tout il faut bien en partir, du moins est-ce là 
  que je reprends les choses, puisque, à notre avant-dernière rencontre, 
  c’est là-dessus que j’ai terminé.
  Je ne veux pas le reprendre en l’exemplifiant, car pour ceci le temps 
  nous limite, en l’exemplifiant de toutes les formes de syllogisme, qu’il 
  nous suffise de mettre en valeur rapidement ce qu’il en est de l’Universelle 
  et de la Particulière, et dans leur forme, tout simplement affirmative. 
  Je vais prendre le syllogisme dit Darii, c’est-à-dire fait d’une 
  Universelle affirmative et de deux Particulières, et je vais vous rappeler 
  tout ce qu’il en est d’une certaine façon de présenter 
  les choses, ben, c’est simplement que, ici rien en aucun cas ne peut fonctionner, 
  ne peut fonctionner que de substituer dans la trame du discours, de substituer 
  au signifiant le trou fait de le remplacer parla lettre. Car, si nous énonçons 
  ceci pour ne nous occuper que de Darii, que, pour employer les termes d’Aristote, 
  « Tout
  
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  homme est bon », le « tout homme » est de l’universel 
  et je vous ai assez souligné, assez préparés en tout cas 
  à entendre ceci que, je peux sans plus le rappeler, que l’universel 
  n’a, pour tenir, besoin de l’existence d’aucun homme. « 
  Tout homme est bon » peut vouloir dire qu’il n’y a d’homme 
  que bon, tout ce qui n’est pas bon n’est pas homme, n’est-ce 
  pas ? Deuxième articulation: « Quelques animaux sont des hommes», 
  et troisième articulation qui s’appelle conclusion, la seconde 
  étant la mineure, « quelques animaux sont donc bons».
  Il est clair que ceci spécifiquement ne tient que de l’usage de 
  la lettre pour la raison que, il est clair que, sauf à les supporter 
  d’une lettre, il n’y a pas d’équivalence entre le « 
  Tout homme », le « Tout homme » sujet de l’Universelle, 
  qui ici joue le rôle de ce qu’on appelle le moyen terme, et ce même 
  moyen terme à la place où il est employé comme attribut, 
  à savoir que « quelques animaux sont des hommes ». Car à 
  la vérité, cette distinction, qui mérite d’être 
  faite, demande néanmoins beaucoup de soins. L’homme de « 
  Tout homme », quand il est le sujet, implique une fonction d’une 
  Universelle qui ne lui donne pour support très précisément 
  que son statut symbolique. A savoir que quelque chose s’énonce 
  « l’homme ».
  Sous les espèces de l’attribut et pour soutenir que quelques animaux 
  soient des hommes, il convient bien sûr, c’est la seule chose qui 
  les distingue, d’énoncer que ce que nous appelons « homme 
  » chez l’animal, est bien précisément cette espèce 
  d’animal qui se trouve habiter le langage. Bien sûr, il est à 
  ce moment-là justifiable de poser que l’homme est bon, c’est 
  une limitation, c’est une limitation très précisément 
  en ceci que ce sur quoi peut se fonder que l’homme soit bon tient à 
  ceci, mis en évidence ceci depuis longtemps, et d’avant Aristote 
  que l’idée du bon ne saurait s’instaurer que du langage. 
  Pour Platon, elle en est au fondement; il n’y a pas de langage, d’articulation 
  possible, puisque pour Platon, le langage, c’est le monde des idées, 
  il n’y a pas d’articulation possible sans cette idée primaire 
  du bien. Il est tout à fait possible d’interroger autrement ce 
  qu’il en est du bon dans le langage, et, simplement dans ce cas, d’avoir 
  à déduire les conséquences qui en résulteront pour 
  la position universelle de ceci que « l’homme est bon » comme 
  vous le savez, c’est ce que fait Meng-Tzu, que je n’ai pas avancé 
  pour rien ici dans mes dernières conférences. Bon, qu’est-ce 
  à dire? Bon à quoi? Ou est-ce simplement dire, comme ça 
  se dit, depuis quelque temps, « vous êtes bon ». Si les choses 
  en sont venues à un certain point que, dans la mise en question de ce 
  qui est vérité et aussi bien discours, c’est bien peut-être 
  en effet ce changement d’accent qui a pu être pris quant à 
  l’usage du mot « bon». Bon, Bon! Pas besoin de spécifier: 
  bon pour le service, bon pour aller
  
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  au casse-pipe, c’est trop en dire. Le « vous êtes bon » 
  a sa valeur absolue. En fait, c’est ça le lien central qu’il 
  y a du bon au discours; dès que vous habitez un certain type de discours, 
  ben! vous êtes bon pour qu’il vous commande.
  C’est bien en cela que nous sommes conduits à la fonction du signifiant 
  maître, dont j’ai souligné qu’il n’est pas inhérent 
  en soi au langage, et que le langage ne commande, enfin.., je veux dire, ne 
  rend possible qu’un certain nombre déterminé de discours 
  et que tous ceux qu’au moins jusqu’à présent, je vous 
  ai articulés spécialement l’année dernière, 
  qu’aucun d’entre eux n’élimine la fonction du signifiant 
  maître.
  Dire que quelques animaux sont bons, est évidemment dans ces conditions 
  pas du tout une conclusion simplement formelle. Et c’est en ça 
  que je soulignai tout à l’heure que l’usage de la logique 
  quoi qu’elle-même puisse énoncer, n’est pas du tout 
  à réduire à une tautologie, que quelques animaux soient 
  bons, justement, ne se limitent pas à ceux qui sont des hommes, comme 
  l’implique l’existence de ceux qu’on appelle les animaux domestiques. 
  Et ce n’est pas pour rien que depuis un temps j’ai souligné 
  qu’on ne peut pas dire qu’ils n’aient pas l’usage de 
  la parole. S’il leur manque le langage, et bien entendu bien plus les 
  ressorts du discours, ça ne les rend pas pour autant moins sujets à 
  la parole. C’est même ça qui les distingue et qui les fait 
  moyens de production. Ceci, comme vous le voyez, nous ouvre une porte qui nous 
  mènerait un tout petit peu loin. Je vous ferai remarquer que... je livre 
  à votre méditation et que dans les commandements dits du Décalogue, 
  la femme est assimilée aux susdits sous la forme suivante: « Tu 
  ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son bœuf, ni son âne 
  », et enfin il y a une énumération qui est très précisément 
  celle des moyens de production. Ceci n’est pas pour vous donner l’occasion 
  de ricaner mais de réfléchir en rapprochant ce que je vous fais 
  remarquer là en passant, de ce qu’autrefois, autrefois j’avais 
  bien voulu dire de ce qui s’exprimait dans les commandements, à 
  savoir, rien d’autre que les lois de la parole, ce qui limite leur intérêt. 
  Mais il est très important justement de limiter l’intérêt 
  des choses pour savoir pourquoi, vraiment, elles portent.
  Bon! Eh bien! ceci étant dit ma foi comme j’ai pu, c’est-à-dire 
  par un frayage qui est comme d’habitude, n’est-ce pas, celui que 
  je suis forcé de faire du grand A renversé, de la tête de 
  buffle, je passe à l’étape suivante, à savoir à 
  ce que nous permet d’inscrire le progrès de la logique. Vous savez 
  qu’il est arrivé quelque chose qui d’ailleurs est très 
  très beau comme ça, il y a quelque chose comme un peu plus de 
  deux mille ans, que, il est arrivé quelque chose qui s’appelle 
  une réinscription de ce premier essai fait par le moyen des trous
  
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  portés à la bonne place, à savoir par le remplacement des 
  termes par des lettres, des termes dits majeur, mineur, et des moyens termes, 
  les termes dits extrêmes et moyens termes, majeure et mineure étant 
  des propositions, je vous demande pardon de ce lapsus. Vous savez que, avec 
  la logique inaugurée par de Morgan et Boole, nous sommes arrivés, 
  inaugurée seulement par eux, et non pas poussée à son dernier 
  point, nous sommes arrivés aux formules dites des quantificateurs.
  Qu’est-ce qui n’entend pas? Personne? Il y a longtemps que vous 
  ne m’entendez pas? — Quand vous êtes au tableau. Donc jusqu’à 
  présent ça allait? Je vous suis reconnaissant de me le dire au 
  moment où ça ne va plus. Alors écoutez, je vais écrire 
  rapidement et puis je vais revenir là.
 Fx
  ?x 
  -Fx
  Fx
  ?x
  -Fx
  
  Bon! Alors, je viens de faire ces petits ronds pour vous montrer que la barre 
  n’est pas une barre entre
  deux f (x), ce qui ne voudrait d’ailleurs absolument rien dire, et que 
  la barre que vous trouvez dans la colonne de droite entre chacun, chacune des 
  paires de f (x), cette barre est liée uniquement à l’f (x) 
  qui est en dessous, c’est-à-dire signifie sa négation. L’heure 
  s’avance plus que je ne le devinais, de sorte que ça va peut-être 
  me forcer d’abréger un petit peu. Le fruit de l’opération 
  d’inscription complète, celle qu’a permis, suggéré, 
  le progrès de la mathématique, c’est de ce que la mathématique 
  soit arrivée par l’algèbre à s’écrire 
  entièrement, que l’idée a pu venir de se servir de la lettre 
  pour autre chose que pour faire des trous. C’est-à-dire à 
  écrire autrement nos quatre espèces de propositions, en tant qu’elles 
  sont centrées du Tout, du quelque, à savoir de mots dont il ne 
  serait vraiment pas difficile de vous montrer quelles ambiguïtés 
  ils supportent. Alors, à partir de cette idée, on a écrit 
  ce qui se présentait d’abord comme sujet, à condition de 
  l’affecter de ce grand A renversé, nous pouvions le prendre pour 
  équivalent à « Tout x » et que dès lors, ce 
  dont il s’agissait, c’était de savoir dans quelle mesure 
  un certain « Tout x » pouvait satisfaire à un rapport de 
  fonction.
  J e pense que je n’ai pas besoin ici de souligner — pourtant il 
  faut bien que je le fasse, sans ça tout ceci paraîtrait vide — 
  que la chose a tout à fait son plein sens en mathématiques, à 
  savoir que justement en tant que nous restons dans la lettre où gît 
  le pouvoir de la mathématique, cet x de droite, en tant qu’il est 
  inconnu, peut légitimement être posé, ou pas posé, 
  comme pouvant trouver sa place dans ce qui se trouve être la fonction 
  qui lui répond; c’est à savoir là où ce même 
  x est pris comme variable. Pour aller vite, parce que je vous dis l’heure 
  avance, je
  
— 125 —
  vais l’illustrer. J’ai souligné, je l’ai dit, je l’ai 
  énoncé, que l’x qui est à gauche, dans l’? 
  de x nommément, est une inconnue. Prenons par exemple la racine d’une 
  équation du second degré. Est-ce que je peux écrire, pour 
  toute racine d’une équation du second degré, qu’elle 
  peut s’inscrire dans cette fonction qui définit l’x comme 
  variable, celle dont s’instituent les nombres réels? Pour ceux 
  qui seraient tout à fait comme ça, pour qui tout ça serait 
  vraiment un langage jamais entendu, je souligne que les nombres réels, 
  c’est en tout cas pour ceux-là, tous les nombres qu’ils connaissent. 
  À savoir, y compris les nombres irrationnels même si ils ne savent 
  pas ce que c’est. Qu’ils savent simplement qu’avec les nombres 
  réels, enfin, on en a fini, on leur a donné un statut; comme ils 
  ne soupçonnent pas ce que c’est que les nombres imaginaires, je 
  ne leur indique que pour leur donner l’idée que ça vaut 
  la peine de faire une fonction des nombres réels. Bon! Ben, il est tout 
  à fait clair qu’il n’est pas vrai que pour tout x, à 
  savoir toute racine de l’équation du second degré, on puisse 
  dire que toute racine de l’équation du second degré satisfasse 
  à la fonction dont se fondent les nombres réels. Tout simplement 
  parce qu’il y a des racines de l’équation du second degré 
  qui sont des nombres imaginaires, qui ne font pas partie de la fonction des 
  nombres réels.
  Bon! ce que je veux vous souligner, c’est ceci, c’est qu’avec 
  ça, on croit en avoir assez dit. Eh bien! non. On n’en a pas assez 
  dit, car aussi bien pour ce qui est des rapports de Tout x que du rapport qu’on 
  croit pouvoir substituer au Quelque, à savoir — dont on peut se 
  satisfaire dans l’occasion — à savoir qu’il existe 
  des racines de l’équation du second degré qui satisfont 
  à la fonction du nombre réel, et aussi, qu’il existe des 
  racines de l’équation du second degré qui n’y satisfont 
  pas. Mais dans un cas comme dans l’autre, ce qui en résulte, loin 
  que nous puissions voir ici la transposition purement formelle, l’homologie 
  complète des Universelles et des Particulières affirmatives et 
  négatives respectivement, c’est que, ce que ceci veut dire, c’est, 
  non pas que la fonction n’est pas vraie; qu’est-ce que ça 
  peut vouloir dire qu’une fonction n’est pas vraie? Du moment que 
  vous écrivez une fonction, elle est ce qu’elle est,~ cette fonction. 
  Même si elle déborde de beaucoup la fonction des nombres réels. 
  Ceci veut dire que, concernant l’inconnue que constitue la racine de l’équation 
  du second degré, je ne peux pas écrire pour l’y loger, la 
  fonction des nombres réels. Ce qui est bien autre chose que l’Universelle 
  négative, dont les propriétés d’ailleurs étaient 
  déjà bien faites pour nous la faire mettre en suspens, comme je 
  l’ai assez souligné en son temps. Il en est exactement de même 
  au niveau de il existe un x, il existe un x à propos duquel, il existe 
  certains x, certaines racines de l’équation
  
— 126 —
  du second degré à propos desquelles je peux écrire la fonction 
  dite des nombres réels en disant qu’elles y satisfont, il en est 
  d’autres à propos desquelles — il ne s’agit pas de 
  nier la fonction des nombres réels — mais à propos desquelles 
  je ne peux pas écrire la fonction des nombres réels.
  Eh bien! C’est ça qui va nous introduire dans la troisième 
  étape qui est celle en somme de tout ce que je viens de vous dire aujourd’hui 
  qui est faite bien sûr pour vous introduire. C’est que, comme vous 
  l’avez bien vu, je glisse tout naturellement, à me fier au souvenir 
  de ce qu’il s’agit de réarticuler, j’ai glissé 
  à l’écrire, à savoir que la fonction, avec sa petite 
  barre au-dessus, symbolisait quelque chose de tout à fait inepte au regard 
  de ce que j’avais effectivement à dire. Vous avez peut-être 
  remarqué que, il m’est même pas venu à l’idée, 
  au moins jusqu’à présent, à vous non plus, de penser 
  que la barre de la négation peut-être avait quelque chose à 
  faire, à dire dans la colonne, non pas de droite, mais de gauche. Essayons, 
  quel parti peut-on tirer, qu’est-ce qu’on peut avoir à dire 
  à propos de ceci que la fonction ne varierait pas, appelons-la 1x, comme 
  par hasard, et à mettre, ce que nous n’avons jamais eu à 
  faire jusqu’à présent, la barre de la négation. Elle 
  peut être dite ou bien écrite.
  Commençons par la dire: « Ce n’est pas de tout x que la fonction 
  F de x peut s‘inscrire; ce n‘est pas a un x existant que la fonction 
  1 de x peut s’écrire ». 
  -?x.Fx
  Voilà! Je n’ai encore pas dit si c’était inscriptible 
  ou pas. Mais à m’exprimer ainsi, j’énonce quelque 
  chose qui n’a de référence que l’existence de l’écrit. 
  Pour tout dire, il y a un monde entre les deux négations, celle qui fait 
  que je ne l’écris pas, que je l’exclus, et, comme s’est 
  exprimé autrefois quelqu’un qui était un grammairien assez 
  fin, c’est forclusif La fonction ne sera pas écrite. Je ne veux 
  rien en savoir. L’autre est discordantiel. Ce n’est pas en tant 
  que, il y aurait un tout x que je peux écrire ou ne pas écrire 
  F de X; ce n’est pas en tant qu’il existe un x que je peux écrire 
  ou ne pas écrire F de x.
  Ceci est très proprement ce qui nous met au cœur de l’impossibilité 
  d’écrire ce qu’il en est du rapport sexuel. Car après 
  qu’aient subsisté pendant des temps concernant ce rapport, les 
  structures de fiction bien connues, celles sur lesquelles reposent toutes les 
  religions en particulier, nous en sommes venus, ceci de par l’expérience 
  analytique, à la fondation de ceci que ce rapport ne va pas sans tiers 
  terme, qui est à proprement parler le phallus, bien entendu j’entends 
  si je puis dire, une certaine comprenette se formuler que ce tiers terme, ça 
  va tout seul; justement il y a un tiers terme, c’est pour ça qu’il 
  doit y avoir un rapport! C’est très difficile, bien sûr, 
  d’imager ça, de montrer qu’il y a quelque chose
  
— 127—
  d’inconnu qui est là, l’homme, qu’il y a quelque chose 
  d’inconnu, qui est là, la femme, et que le tiers terme, en tant 
  que tiers terme, il est très précisément caractérisé 
  par ceci, c’est que justement, il n‘est pas un médium, que 
  si on le relie à l’un des deux termes, le terme de l’homme, 
  par exemple, on peut être certain qu’il ne communiquera pas avec 
  l’autre, et inversement. Que c’est spécifiquement là 
  ce qui est la caractéristique du tiers terme. Que bien entendu, si même 
  on a inventé un jour la fonction de l’attribut, pourquoi que ce 
  serait-il pas en rapport, dans les premiers pas ridicules de la structure semblant, 
  que tout homme est phallique, toute femme ne l’est pas. Or, ce qui est 
  à établir, c’est bien autre chose. C’est que quelque 
  homme l’est, à partir de ceci qu’exprime ici la seconde formule, 
  à partir de ceci que ça n’est pas en tant que particulier 
  qu’il l’est. L’homme est fonction phallique en tant qu’il 
  est tout homme. 
  F
X homme x femme
-?x.-Fx
Mais comme vous le savez, il y a les plus grands doutes 
  à porter sur le fait que le tout-homme existe. C’est ça 
  l’enjeu: c’est qu’il ne peut l’être qu’au 
  titre de tout-homme, c’est-à-dire d’un signifiant, rien de 
  plus.
  Et que par contre, ce que j’ai énoncé, ce que je vous ai 
  dit, c’est que pour la femme, l’enjeu est exactement le contraire, 
  à savoir ce qu’exprime l’énoncé discordantiel 
  du haut, celui que je n’ai écrit si je puis dire que sans l’écrire, 
  puisque je vous souligne qu’il s’agit d’un discordantiel qui 
  ne se soutient que de l’énoncer, c’est que la femme, la femme 
  ne peut remplir sa place dans le rapport sexuel, elle ne peut l’être 
  qu’au titre d’une-femme. Comme je l’ai fortement accentué, 
  il n’y a pas de toute-femme.
  Ce que j’ai voulu aujourd’hui frayes vous illustrez c’est 
  que la logique porte la marque de l’impasse sexuelle, et qu’à 
  la suivre, dans son mouvement, dans son progrès, c’est-à-dire 
  dans le champ où elle paraît avoir le moins affaire avec ce qui 
  est en jeu dans ce qui s’articule de notre expérience, à 
  savoir l’expérience analytique, vous y retrouverez les mêmes 
  impasses, les mêmes obstacles, les mêmes béances, et pour 
  tout dire, la même absence de fermeture d’un triangle fondamental.
  Je m’étonne que les choses, je veux dire le temps, aient avancé 
  si vite, avec ce que j’avais à vous frayer aujourd’hui et 
  que je doive maintenant m’interrompre, je pense qu’il vous sera 
  facile peut-être, dès avant que nous nous revoyons le deuxième 
  mercredi du mois de juin, de vous apercevoir vous-même de la convenance 
  de ceci d’où résulte, d’où résulte par 
  exemple que rien ne peut être
  
— 128 —
  fondé du statut de l’homme, je parle, vu de l’expérience 
  analytique, qu’à faire artificiellement, mythiquement, ce tout-homme 
  avec celui, présumé, le père mythique, du Totem et Tabou, 
  à savoir celui qui est capable de satisfaire à la jouissance de 
  toutes les femmes.
  Mais inversement, ce sont les conséquences dans la position de la femme 
  de ceci, que ce n’est que, à partir d’être une-femme 
  qu’elle puisse s’instituer dans ce qui est inscriptible de ne pas 
  l’être, c’est-à-dire restant béant de ce qu’il 
  en est du rapport sexuel, et qu’il arrive ceci, si lisible dans ce qu’il 
  en est de la fonction combien précieuse des hystériques, les hystériques 
  sont celles qui, sur ce qu’il en est du rapport sexuel, disent la vérité. 
  On voit mal comment aurait pu se frayer cette voie de la psychanalyse si nous 
  ne les avions pas eues. Que la névrose
  — qu’une névrose tout au moins, je le démontrerai 
  également pour l’autre —qu’une névrose ne soit 
  strictement le point où s’articule la vérité d’un 
  échec, qui n’est pas moins vrai partout ailleurs que là 
  où la vérité est dite, c’est de là que nous 
  devons partir pour donner son sens à la découverte freudienne. 
  Ce que l’hystérique articule, c’est bien sûr ceci, 
  que pour ce qui est de faire le tout-homme, elle en est aussi capable que le 
  tout-homme lui-même, à savoir par l’imagination. Donc de 
  ce fait, elle n’en a pas besoin; mais que si par hasard ça l’intéresse, 
  le phallus, à savoir ce dont elle se conçoit comme châtrée, 
  comme Freud l’a assez souligné, que par le progrès du traitement, 
  du traitement analytique, elle n’en a que faire, puisque cette jouissance, 
  il faut pas croire qu’elle l’a, qu’elle l’a pas de son 
  côté, et que si par hasard le rapport sexuel l’intéresse, 
  il faut qu’elle s’intéresse à cet élément 
  tiers, le phallus, et comme elle ne peut s’y intéresser que par 
  rapport à l’homme, en tant qu’il n’est pas sûr 
  qu’il y en ait même un, toute sa politique sera tournée vers 
  ce que j’appelle en avoir au moins un.
  Cette notion de l’au moins un, c’est là-dessus, mon Dieu, 
  que je termine, parce que l’heure m’indique la limite; vous verrez 
  que j’aurai par la suite, bien sûr, à la mettre en fonction 
  avec ce que déjà bien sûr vous voyez là, déjà 
  articulé, à savoir celle de l’un en peluce, qui n’est 
  pas ailleurs qu’ici, n’est-ce pas, tel que je l’ai écrit 
  la dernière fois: un en peluce. Ce n’est pas pour rien que je l’ai 
  écrit ainsi, je pense que ça peut tout de même pour certains 
  soulever certains échos. L’au-moins-un comme fonction essentielle 
  du rapport en tant qu’il situe la femme par rapport au point ternaire 
  clé de la fonction phallique, nous l’écrirons de cette façon 
  parce qu’elle est inaugurale, inaugurale d’une dimension qui est 
  très précisément celle sur laquelle j’ai insisté 
  pour un discours qui ne serait pas du semblant, l’hommoinzin.
  
  — 129 — 
  un en peluce
  F
 H F
  hommoinzin
 
  130 
note 
  : 
  bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou 
  si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance 
  de m'adresser un 
  émail.
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