Les Dogons par Hassim GUINDO
Hommes fidèles à la tradition, libres, travailleurs, habitent
les cercles de : Bankass, Bandiagara, Koro, Douentza ; Mopti ; une petite
partie de Tominian, Bla, Sikasso et même Djoubasso et Din au Burkina
faso.
Contrairement à ce que disent certains, Dogon ne veut pas dire Dogoni ‘petit-frère en Bambara’ mais « débrouillard, en un mot travailleur ».Pour confirmer cela , faites référence au plus vieux adage Dogon, qui dit « ojo hogo be yèrè, dogo be yaalo », ce qui traduit : un bien acquit dans la royauté c’est à dire acquit à la sueur du front ne finit jamais dans la honte.Ce qui dit qu’il faut travailler et gagner à la sueur de son front, d’où d’origine de Dogo-dogo c’est à dire débrouillard d’où naquit le mot Dogon.
L’origine des Dogons
Les Dogons seraient venus du Mandé.
Le mandé était sous l’empire du Ghana, une région
de Kouroula située entre Siby et Kry et plus précisément
de Dongoro d’où pour pérenniser cette origine, le premier
Hogon était appelé Hogon Dongoro.
Ils auraient quittés le Mandé au XIIIième siècle, une zone où ils ne se sentaient pas en sécurité.
Ils auraient quittés Torblema puis Amabori, Amamonou (villages de l’empire du Ghana, actuellement disparus dont certains seraient dans l’actuel Mauritanie et d’autres dans l’actuel Ghana) et s’établirent à Dongoro .
Arrivés au Mandé, ils se dirent qu’ils sont arrivés au bout de leur effort d’où le terme mandè.
Et de nos jours, tout étranger est accueilli soit en le disant ‘mandè’ ou ‘manè’. Généralement, le premier fils des femmes échappées à la razzia Mossi se nommait Mandè, fit des efforts.
De Dongoro, pour échapper à la guerre de succession de Soundiata Keita, fondateur de l’empire du Mali , ils traversèrent le fleuve : les uns à Kala, d’autres à Fakala et certains à Tenderama. A noter qu’à cette époque la Ville de Ségou n’existait pas.Ils arrivèrent ensuite à Jemessagou (Djankassogou actuel) puis à Kowa (prés de l’actuel Sevaré) et là, une troupe se détacha pour s’introduire par l’est et les autres par le sud-est.Ce qui partirent par le sud-est errèrent longtemps avant de fonder Tyi (un village Tomon, près de Segué) et l’autre troupe fondèrent Kani-bonzon qui devint le premier village fondé par les Dogons dans l’actuel Pays-Dogon .C’est à Kowa que les forgerons les quittèrent, alors pour ce saut dans l’inconnu ,ils firent appel aux hommes habiles qui les forgèrent des armes (forgerons actuels).
Compte-tenu de cela ,vous distinguerez au Pays-Dogons, 2 catégories de forgerons : les Jemenan (vrai forgeron qui les ont quitté à Kowa pour les retrouver ensuite vers Youga) et les jeme-ire ( descendants des hommes habiles qui ont du apprendre le métier à Kowa).
Ils trouvèrent que la zone était habitée par les Tellems (en Dogon : ceux dont nous avons trouvés), les Noumouna, les Boron (actuellement fondu dans la race Bobo vers Tominian), les Yerin (venus de l’empire du Ghana en expédition , ils fondèrent des villages sédentaires comme Leere) et les Kon (actuellement vers Mopti) et élirent domicile à coté des Tellem sur les collines ou à proximité des parois des falaises. Mais le comportement mystique des tellems les obligea à se méfier des Dogon pour se retirer progressivement vers l’est.
Le Pays Dogon :
organisation sociale
Le Pays-Dogon ne fut pas un état centralisé mais des cités
états dont la capitale politique
était Kani-bonzon (lieu
où était prise les importantes décisions) et Arou était
la capitale religieuse (lieu de justice te d’adoration des principaux
fétiches).
Il s’étend aujourd’hui d’est en ouest sur 400km et du nord au sud sur 100km et se divise en 3 domaines géographiques :
1-le plateau : région très accidentée, est constituée de grès ferrugineux ; les terres cultivables sont très rares, on y pratique des cultures irriguées grâce à des petites rivières .
2-la falaise : c’est la partie touristique du Pays-Dogon.
3-la plaine : communément appelée Seno est la partie sablonneuse du pays-dogon.Cette partie est la plus récente du Pays-Dogon car à l’époque la zone était hostile à l’habitation due à la razzia Mossi .
La société Dogon était organisée en entité (groupe de villages) qui avait un chef coutumier en commun dénommé Hogon. Le Hogon était un patriarche, chef coutumier , spirituel , juridique . IL était le maître suprême de la société et dirigeait tout ce qui à trait à la bonne marche de société et introniser à son trône ’hogo do’ par une fête grandiose de masques qu’il ne quittera qu’à son décès , qui est aussi l’occasion de cérémonies grandioses ’ Don ou Dama’ selon le dialecte .Il réside dans la grotte multicolore Hogon genren ou Hogon jina ( Blanc : la transparence, le Rouge : le sang signifiant l’adoration des fétiches et le Noir représentant le coté mystique). Il était assisté dans sa tache de son premier assistant dénommé Sèri et des chefs de guerre qui avait consigne de défendre les villages en cas d’attaque et des émissaires.
Le Hogon , qui ne se lave jamais à l’eau après son intronisation au trône est léché nuitamment par un gros serpent dénommé Léwè, qui selon la culture Dogon est le reste du Hogon que les Dogons ont emporté de leur immigration. Ce gros boa en le léchant , lui transmettait les connaissances médicinales et de la sagesse. C’est pour quoi , les demeures du Hogon ‘Hogon Jina’ et les ‘Toguna’ sont décorés de symbole de ce gros serpent.
Chaque village est dirigé par un chef du village Ammiri.
Le village est divisé en Guinna , qui est le regroupement de petites familles au sein d’une collectivité représente par un bâtiment à étage.C’est le lieu d’habitation du patriarche de la famille, tous les membres de la famille se retrouvent dans le Guinna pour les divers fêtes religieuses , circoncisions , baptêmes , mariages , funérailles……
C’est dans le Guinna qu’on retrouve les divers fétiches et biens collectifs et les poteries funéraires. Dans la cour , on y trouve des greniers , poulaillers et autres.
Les Dogons sont pour la majorité polygame .
Toutes les décisions importantes conçernant le village sont prises sous le Toguna « case à palabre, parlement local d’une hauteur significative», uniquement réservé aux vieux lors des prises de décisions .
Le plus vieux de la famille est le chef de famille et dirige et réglemente la famille. Le bien familial est collectif et est géré par le chef de famille qui autorise la fille à chercher en mariage dans telle ou telle famille en faisant les fiançailles dès le bas-age (ya lahou), qui peut être fait par la mère , le tante , ou une proche parente du garçon.
Les terres sont des propriétés collectives qu’on peut prêter ou emprunter pour la mise en valeur. Chaque village possède des parcelles cultivables divisées en parcelles familiales dont toutes les familles maîtrisent les limites.
La religion
Selon les griots de Klea ; les chanteurs de louange : les bajoukankouno
; le Dogon pour adorer le Dieu disait « ara
amba mamourou sembè » : Dieu d’en haut ,
le plus puissant.
Donc, les Dogons étaient monothéistes et l’appelait Amba .Ils étaient fétichistes et adoraient divers fétiches 'Tooro’ dont les principaux étaient celui des : protection du village (guiji) , de la pluie (Ara Amma) , bienfaisance, esprits des ancêtres, procréation …..et aussi des lieux d’adoration tels que : les coins d’eau où les ancêtres ont du signer des pactes avec les génies d’eau, collines, grottes….
Pour ces adorations , on y immolait des poulets, des chèvres ou moutons et pour des cas extrêmes , un âne noir.
A coté de ces fétiches , il y avait beaucoup de cultes de reconnaissances aux ancêtres ; tels que :
1-Le Bilè ou Birè (selon les dialectes) : fêté entre Décembre et janvier, cette célébration est l’occasion pour les femmes de montrer ses biens .
2-Agou : elle est la fête de la réconciliation qui se déroule entre main et juin. Pour , l’occasion, on fait des sacrifices, des chants et danses au cours de la quelle des paroles d’offenses sont prononcées pour neutraliser les divers rancunes s’évissant entre les membres de la communauté.
3-Tara-go : fête dédiée au fétiche protecteur du village , au cours de la quelle, tout le village part en chasse collective.
4-Gniri-kègnè : a lieu entre mars et avril, fête des techniques de combats avec un adversaire et aussi des masques.
5-Le Nouna-kègnè : cérémonie de levée de deuils en l’honneur des défunts.
6-Le sigui :cette fête a lieu tout les 60 ans et la prochaine sera pour 2027. C’est la grande célèbre fête Dogon de tout les masques et des nouveaux maîtres de sigui à initier.Cette commémoration commence et termine à Youga où se trouve conserver dans la grotte les sculptures géantes et plates de la mère des masques qui mesure 7 m de haut . Pour sa sortie , on prépare beaucoup de bière de mil, en tuant un chien et d’autres animaux. De Youga , cette fête se transmet de village en village pour se terminer toujours par Youga d’où sera conservé le reste de la sculpture.
Cette fête est aussi l’occasion de transmettre les connaissances à la génération suivante avant qu’elle ne s’éteigne.
Elle est la fête du pardon des jeunes envers les vieux car les jeunes de la famille d’Arou auraient tués dans ce village leur ancêtre qui les vilipendait.
Cette fête ne doit durer que 5 jours par village (1 semaine Dogon) pendant plusieurs années. Sa préparation nécessite au moins 2 ans.
7- Le Lèwè : le culte de Dieu où on immole moutons, chèvres , coqs….
8-Le Bonron :culte pour vénérer la grand-mère.
La notion de temps
Pour le Dogon , l’année dure 12 mois.
Le mois dure 6 semaines .
La semaine dure 5 jours.
Le jour commence au premier chant du coq : 1h du matin.
Pour se repérer à l’age d’une personne, on se repérait à un évènement ayant précédé ou suivi sa naissance ; exemple : je suis né 5 ans avant les cérémonies de commémoration du deuil du dernier Hogon de Endé , il y a de cela 29 hivernages.
La création du monde selon les Dogons
La terre selon la pensée Dogon est plate ; et circulaire dans les cieux
comme le démontre le système de confection de la corbeille.
Dieu Amma créa d’abord le ciel , le ciel se mit à vibrer pour démontrer sa supériorité ; dieu créa la terre .Face à l’ingratitude de la terre , Dieu créa la montagne. Compte tenu de l’impolitesse de la montagne , Dieu créa le fer. Pour contraindre les méfaits du fer , Dieu créa le feu . Comme le feu se mit à brûler tout , Dieu créa l’eau . Quand l’eau se mit à assoiffer les autres créatures pour qu’elles se soumettent à lui et non à Dieu ; Dieu créa le vent. Comme le vent se mit à balayer tout sur son passage pour avoir la suprématie sur tout , Dieu créa le cheval. Le cheval , tout en galopant ne respectait rien , alors Dieu créa l’homme. L’homme , était tellement farouche que Dieu créa la Famine pour calmer son ardeur. La famine ne respectait ni l’homme, ni le cheval ; alors Dieu créa la maladie.La maladie faisait tellement de ravage que Dieu créa la mort. Tout être vivant créé par Dieu mourra un jour . La mort est la fin de toute existence pour les Dogons.
Quand Amma créa la terre, elle fut eu la forme féminine ayant un sexe qui fut la fourmilière et un clitoris qui était une termitière.
Le premier rapport entre Amma et la terre donna naissance à un renard car la terre n’a pas été excisée, et le renard fut le symbole du désordre et des difficultés sur la terre.
Quand la termitière fut rasée, de cet accouplement naquit deux jumeaux , qui étaient mi-hommes, mi-serpents, qu’on appela les Nommo, c’est à dire les miracles.
Les Nommo étaient très travailleurs et ont eu contrairement aux autres créatures l’art de parler. Le renard voulut les voler la parole mais la parole se transforma en fourmi et alla se cacher dans la fourmilière. Le renard pénétra avec force dans la fourmilière et engendra le premier viol sur terre et s’empara de la parole. Ce acte fut à l’origine des règles mensuelles des femmes.
Le Amma ne voulu plus de rapport avec la terre car le renard l’a violé , mais il créa le premier couple de l’homme qui donna naissance aux 8 ancêtres du monde actuel.
Parmis ces 8 ancêtres, les plus importants étaient l’ancêtre des forgerons qui fut maître du feu ; et le septième ancêtre qui detint la parole de Amma, la seconde parole qui fut à l’origine de l’eau sur terre , ce qui donna naissance à l’agriculture. Ce chiffre 7 est le symbole de la perfection et est très bien aimé des Dogons car il est la somme des deux chiffres :3 symbole masculin et 4 symbole féminin.
Les Dogons et les autres êtres.
Le Dogon croit à l’existence d’autres invisibles qu’il
dénomme Jinaji (diable).
Ces etres peuvent bénéfiques ou maléfiques .
A coté de ces etres , Jinaji ,il y a aussi l’esprit des ames errantes appelé Yèwin (ames des hommes qui ont commis trop de péchés lors de leur existence sur terre, qu’ils n’ont pas été accepté dans l’au delà) qui sont généralement maléfique dont la simple apparence devant l’humain provoque des états de fièvre et voir même de paralysie d’où le terme de Onje monjou lagou. Et aussi l’esprit des ancêtres qui souvent reviennent de l’au de là pour protéger ses descendants sur terre désigné par Nourounan.
Le Dialecte Dogon
Connu au niveau national sous le nom de ‘Dogoso’,
le Dogokan , la langue Dogon est
très diversifiée compte tenue des divers problèmes géographiques.
Actuellement la langue Dogon est influencée par les autres langues parlées
sur le territoire malien et plus particulièrement le Bambara , avec lesquels
; ils ont cohabité et cohabitent toujours .
Le dogokan est divisé en 8 dialectes qui se repartissent en une soixantaine de sous-dialectes dont les uns sont très parlés et les certains parlés par une toute petite minorité.
Le Tengou englobe le Togokan est parlé dans les cercles de Bankass et Koro.
Le Tomokan est parlé dans le sud-ouest de Bankass.
Le Dondoso ,dialecte du plateau est parlé dans le cercle de Bandiagara.
Le Moundogokan est parlé dans l’ouest de Bandiagara et plus particulièrement dans la zone de Kori-kori.
Le Diamoussai est parlé dans une partie du cercle de Douentza et une petite partie de Koro . Inutile de le confondre au Toroso.
Le Gouroukan se parle dans le cercle de Koro et une petite partie du Burkina-faso.
Le Toroso est parlé comme son nom l’indique le long de la falaise.
Le Enebono
est parlé dans le cercle de Douentza.