9 mai 1978
(p1->)Les
choses peuvent légitimement être. Savoir où commence le comportement, c’est
nous qui découvrons comment elles font. Le tournant est qu’il faille que nous
les imaginions. Ce n’est pas toujours facile, car il y faut quelques précautions…oratoires,
c’est à dire parlées. Ainsi c’est la coupure qui réalise le nœud à
trois sur le tore. Pour compléter cette coupure, il
faut,
si je puis dire, l’étaler, c’est à dire la redoubler de façon à faire
une bande. C’est ce que vous voyez là à droite
- la coupure, c’est là à gauche- c’est ce que vous voyez là à droite dans ce dessin dont il faut dire qu’il n’est pas sans maladresse. Il faut la redoubler, grâce à quoi la figure
(p2->)de
la bande apparaît, qui, elle donne support, c’est-à-dire étoffe au nœud à
trois. C’est certainement pour cela que j’ai énoncé cette absurdité
qu’il était impossible d’établir un nœud sur un tore, ce que LAGARRIGUE a
relevé légitimement, car la coupure ne suffit pas à faire le nœud : il
y faut la bande dont vous savez comment on la produit :en redoublant la
coupure, un peu à droite, un peu à gauche, bref en la redoublant. Car une
coupure ne suffit pas à faire un nœud, il y faut de l’étoffe, l’étoffe
d’une chambre à air, à l’occasion qui y suffit. Mais il ne faut pas croire
que la coupure suffise à faire de la chambre à air une bande de Moebius même
par exemple à triple demi-torsion.
C’est la figure que j’ai indiquée là (trèfle à gauche), celle qui redouble la coupure, c’est la figure que j’ai indiquée là qui donne étoffe à ce nœud à trois : c’est quelque chose qui ne se produit que de la coupure par le milieu de ce que j’ai appelé la triple bande de Moebius : c’est à couper par le milieu (Moebius bas gauche) cette triple bande de Moebius que le nœud à trois apparaît, de sorte qu’après tout c’est ce qui m’excuse d’avoir énoncé ce fait, ce fait absurde.
(p3->)
La triple bande de Moebius n’est pas capable de se coucher sur un tore, d’où
il résulte que, si on découpe ceci tel que c’était primitivement, à savoir
la coupure, la simple coupure (schéma p 2), ça ne fait pas un nœud à trois
et si on coupe la chambre à air de la façon qui est représentée là (
coupure redoublée), et bien, ce qu’on obtient c’est quelque chose qui est
bien différent de ce qu’on attendait, à savoir que c’est une chose quatre
fois pliée : à l’occasion, par exemple, ceci est à l’intérieur de
la chambre à air, ceci est à l’intérieur aussi et ceci est à l’extérieur.
C’est
bien en quoi il n’est pas possible d’obtenir directement ceci, à savoir ce
qui résulte de la bande à l’intérieur de la coupure, il n’est pas
possible de l’obtenir directement, puisque c’est ce qui ne résulte que de
la section par le milieu de la triple bande de Moebius. C’est peut être ce
qui m’excuse d’avoir formulé cette absurdité que j’ai avoué tout à
l’heure.
Néanmoins
c’est un fait que la coupure en question réalise sur le tore quelque chose
d’équivalent au nœud et que le nommé LAGARRIGUE a eu raison de ma le
reprocher.
Ce que j’ai dit sur les choses qui peuvent légitimement être dites savoir comment se comporter, c’est quelque chose qui suppose l’emploi de ce que j’ai appelé l’Imaginaire. Ce que j’ai dit tout à l’heure, qu’il fallait, cette étoffe que nous l’imaginions, nous suggère qu’il y a quelque chose de premier dans le fait qu’il y
Si j’ai parlé de Symbolique, d’Imaginaire et de Réel, c’est bien parce que le Réel c’est le tissu. Alors comment l’imaginer, le tissu ? Eh bien, c’est là qu’est précisément la béance entre l’Imaginaire et le Réel, et ce qu’il y a entre eux, c’est l’inhibition…précisément à imaginer. Mais qu’est-ce que c’est que cette inhibition, puisqu’aussi bien, nous en avons là |
|
un
exemple, il n’y a rien de plus difficile que d’imaginer le Réel et là il
semble que nous tournions en rond et que dans cette affaire de tissu, le Réel,
c’est bien ce qui nous échappe et c’est bien pour ça que nous avons
l’inhibition. C’est la béance entre l’Imaginaire et le Réel, si tant est
que nous puissions encore la supporter, c’est la béance entre l’Imaginaire
et le Réel qui fait notre inhibition.
que
si on part d’ici, ceci est une tresse et ce qui est curieux, c’est que cette
tresse est bien particulière.
Et pour tout dire, à la fin, nous retrouvons
après six échanges le 1-2-3. Eh bien, ceci, à savoir l’équivalence de ceci
qu’on appelle la bande de Slade ( ?)
(p5->)Avec
ce que j’ai figuré ici comme 1, 2, 3, cette équivalence se démontre dans le
fait qu’il est possible de réduire
à cette bande de Slade par une
convenable manipulation de ce en quoi consiste le niveau où j’ai écrit
1-2-3, il est possible de réduire par une convenable manipulation ceci à ceci.
(schéma p 4 en bas). En d’autres termes : une ceinture tressée qui se
termine par quelque chose qui est équivalent de cet 1-2-3, c’est à dire à
l’occasion un ceinturon et je veux dire ce
qui se détache de cette façon-là
(LACAN détache
sa ceinture), il est, non seulement possible, mais aisé à démontrer que cette
ceinture, si elle est passée à l’intérieur de cette tresse, que cette
ceinture…. Il est plus que possible dans une ceinture tressée d’obtenir, à
l’aide du bout de la courroie et du ceinturon, d’obtenir le dénouement de
la tresse, je parle de la tresse boroméenne .
L’équivalent donc de la tresse boroméenne, c’est exactement ce qui
se pose comme non tressé et c’est pour vous signaler cette équivalence que
je vous assure qu’effectivement vous pouvez le confirmer de la façon la plus
précise.
C’est sans doute difficile d’imaginer ce
fait, mais c’est un fait.
Je voudrais vous suggérer quelque chose qui a toute son importance, c’est ceci : c’est que comment, la bande de Moebius, la fait-on la plus courte ? En repliant ce triangle-là sur celui-ci. Il en résulte ceci, à savoir quelque chose se
(p6->)
Chose curieuse, attaquez vous à cette histoire de la plus courte bande de Moebius, vous
verrez qu’il y a une autre solution, je veux dire qu’il y a une façon de la
faire plus courte, en partant toujours du même triangle équilatéral.
Qu’est-ce qui est le rapport entre ça et
la psychanalyse ? Je mettrai en évidence plusieurs choses, c’est à
savoir que les choses dont il s’agit ont le rapport le plus étroit avec la
psychanalyse. Le rapport de l’Imaginaire, du Symbolique et du réel, c’est là
quelque chose qui tient par essence à la psychanalyse. Je ne m’y suis pas
aventuré pour rien, ne serait-ce qu’en ceci que la primauté du tissu,
c’est-à-dire ce que j’appelle en l’occasion les choses, la primauté du
tissu est essentiellement ce qui est nécessité par la mise en valeur de ce
qu’il en est de l’étoffe d’une psychanalyse. Si nous n’allons pas tout
droit à cette distance entre l’Imaginaire et le Réel, nous sommes sans
recours pour ce qu’il en est de ce qui distingue dans une psychanalyse la béance
entre l’Imaginaire et le Réel. Ce n’est pas pour rien que j’ai pris cette
voie. La chose est ce à quoi nous devons coller et la chose en tant qu’imaginée,
c’est à dire le tissu en tant que représenté. La différence entre la représentation
et l’objet est quelque chose de capital. C’est au point que l’objet
dont il s’agit est quelque chose qui peut avoir plusieurs présentations.
Je
vais vous laisser là aujourd’hui pour peut-être refaire mon séminaire
l’année prochaine, à la date qui conviendra.
FIN
note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un email. Haut de Page