J.LACAN                          gaogoa

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XXIII-le SINTHOME 
       
version rue CB                              note

Séminaire du 18 NOVEMBRE 1975

(p1->) J'ai annoncé sur l'affiche le " SINTHOME " . C'est une façon ancienne d'écrire ce qui a été, ultérieurement, écrit " symptôme ". Si je me suis permis de, cette modification d'orthographe qui marque évidemment une date, une date qui se trouve être l'injection dans le français, ce que j'appelle lalangue, la langue mienne, l'injection de grec, de cette langue dont JOYCE, dans le " Portrait de l'Artiste " , émettait le vœu tout à fait, non, c'est pas dans le " Portrait de l'Artiste ", c'est dans " Ulysses ", dans les  " Ulysses ", au premier chapitre, il s'agit de hellenize, d'injecter de même lalangue hellène on ne sait pas à quoi. Puisque il ne s'agissait pas du gaélique, encore qu'il s'agit de l'Irlande mais que JOYCE devait écrire en anglais, qu'il a écrit en anglais d'une façon telle que, comme l'a dit quelqu'un dont j'espère qu'il est dans cette assemblée, Philippe SOLLERS, dans " TEL QUEL " il l'a écrit d'une façon telle que lalangue anglaise n'existe plus. Elle avait déjà, je dirai, peu de consistance, et ce qui ne veut pas dire qu'il soit facile d'écrire en anglais. Mais JOYCE, par la succession d'oeuvres qu'il a écrites en anglais, y a ajouté ce quelque chose qui fait dire au même auteur qu'il faudrait écrire L'E-L-A-N-G-U-E-S , l'élangues, l'élangues par où je suppose qu'il entend désigner quelque chose comme l'élation, cette élation dont on nous dit que c'est au principe de je ne sais quel " sinthome " que nous appelons en psychiatrie la manie.

        C'est bien en effet ce à quoi ressemble sa dernière oeuvre, à savoir " Finnegans Wake ", celle qu'il a si longtemps soutenue pour y attirer l'attention générale, celle aussi à propos de quoi j'ai posé dans un temps, au temps où je me suis laissé entraîner, par une sollicitation pressante, pressante, je dois dire de la part de Jacques AUBERT, ici présent et tout aussi pressant, je me suis laissé entraîner à inaugurer, à inaugurer au titre d'un symposium " JOYCE ".

    (p2->) C'est par là qu'en somme je me suis laissé détourner de mon projet  qui était, cette année, je vous l'ai annoncé l'année dernière, d'intituler ce séminaire du quatre, cinq et six, je me suis contenté du quatre, et je m'en réjouis, car le " 4, 5, 6 " , j'y aurais sûrement succombé. Ça ne veut pas dire que le quatre dont il s'agit me soit pour autant moins lourd.

    J'hérite de FREUD, bien malgré moi, parce que j'ai énoncé de mon temps ce qui pouvait être tiré, en bonne logique, des bafouillages de ceux qu'il appelait sa bande. Je n'ai pas besoin de les nommer, c'est cette clique qui suivait les réunions de Vienne et dont on ne peut pas dire qu'aucun ait suivi la voie que j'appelle de bonne logique.

    La nature, dirai-je, pour couper court, se spécifie de n'être pas-une. D'où le procédé logique pour l'aborder. Appeler nature ce que vous excluez du fait même de porter intérêt à quelque chose, ce quelque chose se distinguant d'être nommé, la nature par ce procédé, ne se risque à rien qu'à s'affirmer d'être un pot pourri de hors nature. L'avantage de cet énoncé est que si vous trouvez, à bien le compter, que le nommer tranche sur ce qui paraît être la loi de la nature, qu'il n'y ai pas de chez lui, je veux dire chez l'homme, de rapport naturellement, sous toute réserve donc ce naturellement, naturellement sexuel, vous posez logiquement ce qui se trouve être le cas, que ce n'est pas là un privilège un privilège de l'homme. Veillez pourtant à n'aller pas à dire que le sexe n'est rien de naturel. Tâchez plutôt de savoir ce qu'il en est dans chaque cas, de la bactérie à l'oiseau. J'ai déjà fait allusion à l'un et à l'autre. De la bactérie à l'oiseau, puisque ceux-là ont des noms.

    Remarquons, au passage, que dans la création dite divine, divine seulement en ceci qu'elle se réfère à la nomination, la bactérie n'est pas nommée, et qu'elle n'est pas plus nommée quand Dieu, bouffonnant l'homme, l'homme supposé originel, lui propose de dire le nom de chaque bestiole. De ce  premier, faut bien le dire, déconnage, nous n'avons de trace qu'à en conclure qu'Adam, comme son nom l'indique assez, c'est une allusion, ça, à la fonction de l'index de Peirce, qu'Adam était, selon le, (p3->) joke qu'en ait JOYCE justement, qu'Adam était bien entendu une madame, et qu'il n'a nommé les bestiaux que dans lalangue de, celle-ci , il faut bien le supposer, puisque celle que j'appellerai l' " Evie " , E-V-I-E, l' " Evie " que j'ai bien le droit d'appeler ainsi puisque c'est ce que ça veut dire, en hébreu, si tant est que l'hébreu soit une langue, la mère des vivants, eh bien  l' " Evie " l'avait tout de suite et bien pendue cette langue, puisque après le supposé du nommé par Adam, la première personne qui s'en sert c'est bien elle, pour parler du serpent.

    La création divine donc se redouble de la parlotte, du parlêtre, comme je l'ai appelé, par quoi l' "Evie" fait du serpent ce que vous me permettrez d'appeler le " serre-fesses ", ultérieurement désigné comme faille, ou mieux phallus, puisqu'il en faut bien un pour faire le faut-pas, la faute dont c'est l"avantage de mon sinthôme de commencer par là. " Sin ", en anglais, veut dire ça, le péché, la première faute.

    D'où la nécessité, je pense tout de même, à vous voir en si grand  nombre, qu'il y en a bien quelques-uns qui ont déjà entendu mes bateaux, d'où la nécessité du fait que ne cesse pas la faille qui s'agrandit toujours, sauf à subir le cesse de la castration comme possible. Ce possible, comme je l'ai dit, sans que vous le notiez, pour ce que moi-même point  je ne l'ai noté de n'y pas mettre la virgule. Ce possible, j'ai dit autrefois c'est que c'est ce qui cesse, mais il faut y mettre la virgule : c'est ce qui cesse , ( virgule ) de s'écrire, ou plutôt cesserait d'en prendre le chemin, dans le cas où adviendrait enfin ce discours que j'ai évoqué, tel qu'il ne serait pas de semblant.

    Y-a-t-il impossibilité que la vérité devienne un produit du savoir faire ? Non. Mais elle ne sera alors que mi-dite, s'incarnant d'un S1 de signifiant, là où il en faut au moins deux pour que l'unique, la femme, à avoir jamais été, mythique en ce sens que le mythe l'a faite singulière, il s'agit d'Ève dont j'ai parlé tout à l'heure, que l'unique, la femme, à avoir jamais été incontestablement possédée pour avoir goûté du fruit de l'arbre défendu celui de la science.

    (p4->) Et l' " Evie ", donc, n'est pas mortelle, plus que SOCRATE. La femme dont il s'agit est un autre nom de DIEU, et c'est en quoi elle n'ex-siste pas.

    Comme je l'ai dit mainte fois, ici, on remarque le côté futé d'ARISTOTE, qui ne veut pas que le singulier joue dans sa logique. Contrairement à ce qu'il admettait, à ce qu'il admettait dans ladite logique, il faut dire que SOCRATE n'est pas homme, puisqu'il accepte de mourir pour que la cité vive, car il accepte, c'est un fait. En plus, ce qu'il faut bien dire, c'est qu'à cette occasion , il ne veut pas entendre parler sa femme. D'où ma formule que je relève, si je puis dire, à votre usage, en me servant du   que j'ai relevé dans l' " Organon " où d'ailleurs je n'ai pas réussi à le retrouver, mais où quand même je l'ai bien lu, et même au point que ma fille, ici présente, l'a pointé, et qu'elle me jurait qu'elle me retrouverait à quelle place c'était ce comme l'opposition écartée, écartée par ARISTOTE à l'Universel du passe (?) , " la femme n'est toute ", que sous la forme du " mais pas ça ", comme on dit : " Tout , mais pas ça ! " C'était bien la position de SOCRATE. Le " Mais pas ça ", c'est ce que j'introduis sous mon titre de cette année comme le sinthome

    Il y a pour l'instant, pour " L'Instance de la Lettre ", telle qu'elle s'est ébauchée à présent, - et n'espérez pas mieux, comme je l'ai dit, ce qui sera plus efficace ne fera pas mieux que de déplacer le sinthome, voire de le multiplier - pour l'instance donc présente, il y a le sinthome madaquin, que j'écris comme vous voudrez : M-A-D-A-Q-U-I-N, après sinthome. Vous savez que JOYCE en bavait assez sur ce sinthome. Faut bien dire les choses, pour ce qui est de la philosophie, on n'a jamais rien fait de mieux. Y a que ça de vrai. Ça n'empêche pas que JOYCE, consultez là-dessus l'ouvrage de Jacques AUBERT, ne s'y retrouve pas très bien, concernant le quelque chose à laquelle il attache un grand prix, à savoir ce qu'il appelle le beau.

    Il y a dans le sinthome madaquin, je ne sais quoi il appelle " claritas " , auquel JOYCE substitue quelque chose comme la splendeur de l'être, qui est bien le point faible dont il s'agit.

    (p5->) Est-ce une faiblesse personnelle ? La splendeur de l'être ne me frappe pas. Et c'est bien en quoi JOYCE fait déchoir le sinthome de sont madaquinisme , et contrairement à ce qu'il pourrait en apparaître, à première vue, à savoir son détachement de la politique, produit à proprement parler ce que j'appellerai le sinthome-rule. Ce home-rule que le Freeman's Journal représentait se levant derrière la banque d'Irlande, ce qu'il fait, comme par hasard, se lever au Nord-Ouest, ce qui n'est pas l'usage, pour un lever de soleil, c'est quand même, malgré le grincement que nous voyons à ce sujet, dans Joyce, c'est quand même bien le sinthome-rule, le sinthome à roulettes que JOYCE conjoint.

    Il est certain que ces deux termes, on peut les nommer autrement. Je les nomme ainsi, en fonction des deux versant qui s'offraient à l'art de JOYCE, lequel nous occupera cette année, en raison de ce que j'ai dit tout à l'heure, que je l'ai introduit et que je n'ai pu faire mieux que de le nommer ce sinthome, car il le mérite, du nom qui lui convient en en déplaçant, comme je l'ai dit l'orthographe. Les deux, les deux orthographes le concernent. Mais il est un fait qu'il choisit. En quoi, il est comme moi, un hérétique, car hairesis, c'est bien là ce qui spécifie l'hérétique. Il faut choisir la voie par où prendre le vérité. Ce, d'autant plus que le choix, une fois fait, ça n'empêche personne de le soumettre à confirmation, c'est-à-dire d'être hérétique de la bonne façon, celle, qui d'avoir bien reconnu la nature du sinthome, ne se prive pas d'en user logiquement, c'est-à-dire jusqu'à atteindre son Réel au bout de quoi il n'a plus soif . Oui. Bien entendu il a fait ça, lui, à vue de nez. Car on ne pouvait plus mal partir que lui.

     Être né à Dublin, avec un père soûlographe, et plus ou moins Fenyan, c'est-à-dire fanatique, de deux familles, car c'est ainsi que ça se présente, pour tous quand on est fils de deux familles, quand il se trouve qu'on se croit mâle parce que on a un petit bout de queue. Naturellement, pardonnez-moi ce mot, il en faut plus. Mais comme il avait la queue un peu lâche, si je puis dire, c'est son art qui a suppléé à sa tenue phallique. Et c'est toujours ainsi. Le phallus, c'est la conjonction de ce que j'ai appelé ce parasite, qui est le petit bout de queue en question, c'est la conjonction de ceci avec la fonction de la parole. Et c'est en quoi son art est le vrai répondant de son phallus.

    (p6->)  A part ça, disons que c'était un pauvre hère, et même un hérétique, et même un pauvre hérétique. Il n'y a de joycien à jouir de son hérésie que dans l'université. Mais c'est lui qui l'a délibérément voulu que s'occupa de lui cette engeance. Le plus fort est qu'il y a réussi, et au delà de tout mesure. Ça dure et ça durera encore. Il en voulait pour 300 ans, nommément, il l'a dit, " je veux que les universitaires s'occupent de moi pendant 300 ans " , et il les aura, pour peu que Dieu ne nous atomise pas. Ce hère, car on ne peu pas dire cet hère. C'est interdit par l'aspiration. Ça embête même tellement tout le monde, que c'est pour ça qu'on dit le pauvre hère. Ce hère s'est conçu comme un héros, Steven Heroe, c'est le titre  expressément donné pour celui de là où il prépare  le " A portrait of the Artist as a young man ". Ah ! c'était ce que j'aurai bien souhaité que,  je l'ai pas apporté, c'est trop bête, ce que j'aurai souhaité que vous, j'aurai pu au moins vous le montrer, que vous le trouviez, et dont mal averti, je savais que c'était difficile, et c'est pour ça que je vous précise  la façon dont vous devez insister, mais Nicole SELS, ici présente m'a envoyé une bafouille, une lettre, on appelle ça, extrêmement précise où pendant deux pages, elle m'explique qu'il est impossible de se le procurer. Il est impossible à l'heure actuelle, d'avoir ce texte, et ce que j'ai appelé ce criticisme, c'est-à-dire ce qu'un certain nombre de personnes toutes universitaires, c'est-à-dire une façon d'entrer à l'université, l'université aspire les joyciens. Mais enfin, ils sont déjà en bonne place. Elle leur donne des grades. Bref, vous ne trouverez pas ni le, je ne sais pas comment ça se prononce, c'est Jacques AUBERT qui va me le dire : est-ce le " Bibe " ou " Bibi " ( " D'ordinaire on dit le " Bibi " ! Bon, vous ne trouverez pas le Bibi qui ouvre la liste par un article sur JOYCE, je dois dire particulièrement gratiné, à la suite de quoi, vous avez " Hugh KENNER " (source AFI) ) qui à mon avis, peut-être à cause du sinthome madaquin en question, à mon avis, parle assez bien de JOYCE. Et y en a d'autres jusqu'à la fin dont je regrette que vous ne puissiez disposer. A la vérité, c'est un pas de clerc que j'ai c'est le cas de dire, que j'ai mis cette petite note en petits caractères, je les ai fait rapetisser, Dieu merci, que j'ai fait cette note en petits caractère, il faudrait que vous vous arrangiez avec Nicole SELS pour en faire une série de photocopies. 

    (p7->) Comme je pense que, dans le fond, il n'y en a pas tellement qui, l'anglais, surtout l'anglais de JOYCE, soient prêts, je veux dire parés pour le parler, ça ne fera quand même qu'un petit nombre, mais enfin il aura évidemment de l'émulation, et une émulation, mon Dieu, légitime, parce que " Le Portrait de l'Artiste " ou plus exactement, " Un Portrait de l'Artiste ", de l'artiste qu'il faut écrire en y mettant tout l'accent sur le " le " qui, bien sûr, en anglais n'est pas tout à fait notre article défini à nous, mais on peut faire confiance à JOYCE, s'il a dit le , c'est bien qu'il pense que l'artiste, c'est lui le seul, que, là, il est singulier. " As a young man ", c'est, c'est très suspect, car en français, ça se traduirait par " comme ", autrement dit, ce dont il s'agit c'est du " comment ". Le français, là-dessus, est indicatif. Est indicatif de ceci, quand on dit " réellement ", " héroïquement ", l'adjonction de ce -ment est déjà en soit suffisamment indicative, indicative de ceci, c'est que, c'est qu'on ment. Il y a du mensonge, indiqué dans tout adverbe. Et, ce n'est pas là accident. Quand nous interprétons, nous devons y faire attention. Quelqu'un qui n'est pas très loin de moi, faisait la remarque  à propos de la langue, en tant qu'elle désigne l'instrument de la parole, que c'était aussi la langue qui portait les papilles dites du goût. Et bien, je lui rétorquerai que ce n'est pas pour rien que ce " qu'on dit ment ". Vous avez la bonté de rigoler. Mais c'est pas drôle. Car, en fin de compte, nous n'avons que ça comme arme contre le symptôme : l'équivoque .

    (p8->) Il arrive que je me paie le luxe de contrôler, on appelle ça, un certain nombre, un certain nombre de gens qui se sont autorisés eux-mêmes, selon ma formule a être analyste.  Il y a deux étapes. Il y a une étape où ils sont comme le rhinocéros, il font à peu près n'importe quoi, et je les approuve toujours. Ils ont en effet toujours raison. La deuxième étape consiste à jouer de cette équivoque qui pourrait libérer du sinthôme. Car c'est uniquement par l'équivoque que l'interprétation opère. Il faut qu'il y ait quelque chose dans le signifiant qui opère. Il faut dire que ont est surpris, enfin, que les philosophes anglais, ça ne leur soit nullement apparu. Je les appelle philosophes parce que  ce ne sont pas des psychanalystes. Ils croient, dur comme fer, à ce que la parole , ça n'a pas d'effet. Ils ont tort. Ils s'imaginent qu'il y a des pulsions, et encore,  quand ils veulent bien ne pas traduire pulsion par instinct. Ils ne s'imaginent pas que les pulsions c'est, c'est l'écho dans le corps du fait qu'il y a un dire, mais que ce dire, pour qu'il résonne, pour qu'il consonne, pour employer un autre mot du sinthome madaquin, pour qu'il consonne, il faut que le corps y soit sensible, et qu'il l'est, c'est un fait.

    C'est parce que le corps a quelques orifices dont le plus important, dont le plus important parce qu'il peut pas se boucher, se clore, dont le plus important est l'oreille, parce qu'il peut pas se fermer, que c'est à cause de ça que répond dans le corps ce que j'ai appelé la voix. L'embarrassant est assurément qu'il n'y a pas que l'oreille, et que lui fait une concurrence éminente le regard.  " More geometrico " , à cause de la forme chère à PLATON, l'individu se présente comme il est foutu, comme un corps, et ce corps a une puissance de captivation qui est telle que, jusqu'à un certain point, c'est les aveugles qu'il faudrait envier. Comment est-ce qu'un aveugle, si tant est qu'il se serve du braille, peut lire EUCLIDE ?

    L'étonnant est ceci que je vais énoncer, c'est que la forme ne livre que le sac, ou si vous voulez la bulle. Elle est quelque chose qui se gonfle, et dont j'ai déjà dit les effets à (p9->) propos de l'obsessionnel, qui en est féru plus qu'un autre. L'obsessionnel, ai-je dit quelque part, on me l'a rappelé récemment, c'est quelque chose de l'ordre de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf. On en sait les effets, par une fable. Il est particulièrement difficile, on le sait, d'arracher l'obsessionnel à cette emprise du regard. Le sac, en tant qu'il s'imagine dans le théorie des ensembles, telle que la fondé CANTOR, se manifeste, voire, se démontre, si toute démonstration est tenue pour démontrer l'Imaginaire qu'elle implique, ce sac mérite d'être connoté d'un ambigu de un et de zéro, seul support adéquat de ce  à quoi confine l'ensemble vide qui s'impose dans cette théorie. D'où notre scription, S indice 1 () . Je précise qu'elle se lit comme ça, elle fait pas l'un, mais elle l'indique comme pouvant ne rien contenir, être un sac vide. Il n'en reste pas  moins qu'un sac vide reste un sac.

    Soit l'un qui n'est imaginable que de l'ex-sistence et que de la consistance qu'à ce corps, qu'a le corps d'être pot, il faut les tenir cette ex-sistence et cette consistance pour réelles, puisque le Réel, c'est de les tenir, d'où le mot de " Begriff " qui veut dire ça. L'Imaginaire montre ici son homogénéité au Réel, et qu'elle ne tient cette homogénéité qu'au fait du nombre, en tant qu'il est binaire, un ou zéro, c'est-à-dire qu'il ne supporte le deux que de ce qu'un ne soit pas zéro, qu'il ex-siste au zéro, mais n'y consiste en rien. C'est ainsi que la théorie de CANTOR doit repartir du couple, mais qu'alors l'ensemble y est tiers. De l'ensemble premier à ce qui est l'autre, la jonction ne se fait pas. C'est bien en quoi le symbole en remet sur l'Imaginaire. Lui a l'indice 2, c'est-à-dire qu'indiquant qu'il est couple, il introduit la division dans le sujet quelqu'il soit de ce qui s'y énonce de fait, de fait restant suspendu à l'énigme de l'énonciation qui n'est que fait fermé sur lui, le fait du fait comme on l'écrit, le faîte du fait ou le fait du faîte, comme ça se dit égaux en fait, équivoque et équivalent, et par là, limite du dit. L'inouïe est que les hommes aient très bien vu que le symbole ne pouvait être qu'une pièce cassée, et ce, si je puis dire, de tout temps, mais qu'ils n'aient pas vu à l'époque, à l'époque de ce tout temps, que cela comportait l'unité et la réciprocité du signifiant et du signifié, con-(p10->)séquemment que le signifié d'origine ne veut rien dire, qu'il n'est qu'un signe d'arbitrage entre deux signifiants, et de ce fait, pas d'arbitraire pour le choix de ceux-ci. Il n'y a d'umpire " umpire ",        (blanc sur le document ! ) pour le dire en anglais, c'est comme ça que JOYCE l'écrit qu'à partir de l'empire, de l'impérium sur le corps, comme tout en porte la marque dès l'ordalie. Ici, le un confirme son détachement d'avec le deux. Il ne fait trois que par forçage imaginaire, celui qui impose qu'une volonté suggère à l'un de molester l'autre, sans être lié à aucun.

    Ouaih ! Pour que la condition fût expressément posée de ce qu'à partir de trois anneaux, on fît une chaîne, telle que la rupture d'un seul rendit l'un de l'autre, les deux autres libres quelqu'ils fussent, car dans une chaîne, l'anneau du milieu, si je puis dire, de cette façon abrégée, réalise ça, les deux autres libres, quelqu'ils fussent, il a fallu qu'on s'aperçût que c'était inscrit aux armoiries des BORROMÉES , que le noeud de ce fait , dit borroméen, était déjà là sans que personne ne se fût avisé d'en tirer les conséquences. C'est bien là, là que gît ceci, que c'est une erreur de penser que ce soit une norme pour le rapport de trois fonctions qui n'existent l'une à l'autre, dans leur exercice que chez l'être qui, de ce fait, se croit être homme. Ce n'est pas que soient rompus, le Symbolique, l'Imaginaire et le Réel qui définit la perversion. C'est que ils sont déjà distincts, et qu'il en faut supposer un quatrième qui est le sinthôme en l'occasion, qu'il faut supporter tétraédrique, ce qui fait le lien borroméen, que perversion ne veut dire que version vers le père et, qu'en somme le père est un symptôme ou un sinthôme, comme vous le voudrez, l'existence du symptôme, c'est ce qui est impliquée par la position-même, celle qui suppose ce lien de l'imaginaire, du Symbolique et du Réel, énigmatique.

    Si vous trouvez, quelque part, je l'ai déjà dessiné, ceci qui schématise le rapport de l'Imaginaire, du Symbolique et du Réel, en tant que séparé l'un de l'autre, vous avez déjà, dans mes précédentes figurations, mis à plat leur rapport, la possibilité de les lier par quoi ? par le sinthôme. Si j'avais ici une craie de couleur ( " De quelle couleur, vous la voulez ? " - " Rouge, si (p11->) vous le voulez bien. Vous êtes vraiment trop gentille. " ) Vous devez voir ceci : c'est que à rabattre ce grand S, c'est-à-dire ce qui s'affirme la consistance du Symbolique, à le rabattre d'une façon qui se trace ainsi, vous avez - cette figure, est correcte - je veux dire que glissant sous le Réel, c'est évidemment aussi sous l'Imaginaire qu'il doit ( ou va ? ) passer, vous vous trouvez dans la position suivante : c'est à savoir que vous aurez le rapport suivant, ici par exemple, l'Imaginaire, le Réel et le Symptôme que je fais figurer d'un sigma, et le symbolique, et que chacun d'entre eux est échangeable expressément, que un à deux peut s'invertir en deux à un, que trois à quatre peut s'invertire de quatre à trois d'une façon qui, j'espère, vous paraît simple. Mais nous trouvons, de ce fait, dans la situation suivante, c'est que ce qui est un à deux, voire deux à un, pour avoir dans son milieu, si l'on peut dire, le sigma et le S , doit faire, et c'est précisément ici que c'est figuré, doit faire que le symptôme et le Symbole se trouvent pris d'une façon telle, il faudrait que je vous montre par quelque figuration simple, d'une façon telle que il y en a, comme vous le voyez là-bas, qu'il y en a quatre qui sont, vous le voyez là, il y en a quatre qui sont tirés par le grand R, et ici, c'est d'une certaine façon que le I se combine, en passant au-dessus du Symbole, ici figuré, et au-dessous du symptôme. C'est toujours sous cette forme que se présente le lien, le lien que j'ai exprimé ici ( Fig. IX ) par l'opposition du R au I, autrement dit, les deux symptôme(s) et le Symbole se présentent de façon telle que, ici ( Fig. X ) ; un des deux termes les prend dans leur ensemble, alors que l'autre passe disons, sur celui qui est au-dessous, au-dessus et sous celui qui est au-dessous. C'est la figure que vous obtenez régulièrement dans une tentative de faire le noeud borroméen à quatre et c'est celle que j'ai mis ici, sur l'extrême droite. ( Fig. VIII )

    Le complexe d'Oedipe, comme tel, est un symptôme. C'est en tant que le nom du père est aussi le père du nom que tout se soutient, ce qui ne rend pas moins nécessaire le symptôme. Cet (p12->) Autre, dont il s'agit, c'est ce quelque chose qui dans JOYCE, se manifeste par ceci, qu'il est, en somme,  chargé de père. C'est dans le mesure ou se père, comme il s'avère dans Ulysses, il doit le soutenir pour qu'il subsiste, que JOYCE par son art, son art qui est toujours le quelque chose qui, du fond des âges, nous vient comme issu de l'artisan, c'est par son art que JOYCE fait subsister, non seulement sa famille, mais l'illustre, si l'on peut dire, et du même coup illustre ce qu'il appelle quelque part " my country " . L'esprit incréé, dit-il de sa race, c'est ce par quoi finit le Portrait de l'Artiste, c'est là se dont il se donne la mission. En ce sens, j'annonce ce que va être, cette année mon interrogation sur l'art : en quoi l'artifice peut-il viser expressément ce qui se présente d'abord comme symptôme, à savoir quoi ? mais ce que j'ai figuré dans mes deux tétraèdres, la vérité. La vérité, où est-elle dans cette occasion ? J'ai dit qu'elle était quelque part dans le discours du Maître, comme supposée dans le sujet, en tant que divisé, il est encore sujet du phantasme . C'est contrairement à ce que j'avais  figuré d'abord, c'est ici, au niveau de la vérité que nous devons considérer le mi-dire, c'est-à-dire que le sujet, à cette étape, ne peut se représenter que du signifiant indice 1 () , que le signifiant indice 2 (), c'est très précisément ce qui se représente de la, pour le figurer comme je l'ai fait tout à l'heure, de la duplicité du Symbole et du symptôme.

    Là est l'artisan, l'artisan, en tant que par la conjonction de deux signifiants, il est capable de produire ce que, tout à l'heure, j'ai appelé l'objet a , ou, plus exactement, j'ai illustré du rapport de l'oreille et à l'oeil, voire évoquant la bouche close. C'est bien en tant que le discours du maître règne, que le se divise, et cette division, c'est la division du Symbole et du symptôme. Mais cette division du Symbole et du symptôme, elle est si l'on peut dire, reflétée dans la division du sujet. C'est parce que le sujet c'est ce qu'un signifiant représente auprès d'un autre signifiant que nous sommes nécessités par son insistance à monter que c'est dans le symptôme que un de ces (p13->) deux signifiants du Symbolique prend son support. En ce sens, on peut dire que dans l'articulation du symptôme au Symbole, il n'y a, je dirai, qu'un faux trou. Si nous supposons la consistance, consistance d'une quelconque de ces fonctions, Symbolique, Imaginaire et Réel, si nous supposons cette consistance comme faisant cercle, ceci suppose un trou, mais dans le cas du symbole et du symptôme, c'est autre chose dont-il s'agit, ce qui fait trou, c'est l'ensemble, c'est l'ensemble plié l'un sur l'autre de ces deux cercles ( Fig. XII ). Ici, comme l'a assez bien figuré Souris ( SOURY ) , pour l'appeler par son nom, je ne sais pas s'il est ici, il faut encadrer par quelque chose qui est une soufflure, à ce que nous appelons, dans la topologie, un tore, il faut cerner chacun de ces trous dans quelque chose qui les fait tenir ensemble, pour que nous ayons ici quelque chose qui puisse être qualifié du vrai trou (Fig. XII ). C'est dire que il faut imaginer pour que ces trous subsistent, se maintiennent, supposer simplement ici une droite, ça remplira le même rôle, une droite pour peu qu'elle soit infinie, nous aurons à revenir dans le cours de l'année sur ce que c'est que cet infini, nous aurons à reparler de ce qu'une droite en quoi elle subsiste, en quoi si on peut dire elle est parente d'un cercle, ce cercle, il faudra assurément  que j'y revienne, n'est-ce pas, le cercle a une fonction qui est bien connue de la police. Le cercle ça sert à circuler, et c'est bien en ça que la police a un soutien qui ne date pas d'hier, HEGEL l'avait très bien vu, enfin, quelle en était la fonction, et il l'avait vue sous une forme qui n'est assurément pas celui dont il s'agit, ce dont, qui est en question. Il s'agit pour la police, simplement, que le tournage en rond se perpétue. Le fait que nous ne puissions dans ce faux trou faire l'adjonction, l'adjonction d'une droite infinie, et qu'à soit seul, ceci fasse de ce faux trou un trou qui, borroméennement subsiste, c'est là le point sur lequel je m'arrête aujourd'hui.

   

note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un émail. Haut de Page 
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revu ce 22 août 2005