J.LACAN gaogoa
XIX-
...Ou Pire 1971-1972
version
rue CB note
12 janvier 1972
AU
TABLEAU:
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tétrade
(p29->) Si
nous trouvions dans la logique moyen d’articuler ce que l’inconscient démontre
de valeurs sexuelles, nous n’en serions pas surpris, je veux dire ici même à
mon séminaire, c’est-à-dire au ras de cette expérience, l’analyse,
instituée par Freud et dont s’instaure une structure de discours que j’ai définie.
Je
reprends ce que j’ai dit. Dans la densité de ma première phrase, j’ai parlé
de " valeurs sexuelles ". Je ferai
remarquer que ces valeurs sont des valeurs reçues,
reçues dans tout langage : l’homme, la femme, c’est ça qu’on appelle
valeurs sexuelles. Au départ, qu’il y ait l’homme et la femme –
c’est la thèse dont aujourd’hui je pars – c’est d’abord affaire de
langage. Le langage est tel que, pour tout sujet parlant, ou bien c’est
" lui " ou bien c’est « elle ». Ça
existe dans toutes les langues du monde. C’est le principe du fonctionnement
du genre, féminin ou masculin. Qu'il y ait l’hermaphrodite, ce sera
seulement une occasion de jouer avec plus ou moins d’esprit à faire passer
dans la même phrase le lui et l’elle. On ne l’appellera de « ça
» en aucun cas, sauf à manifester par là quelque horreur du type sacré,
on ne le mettra pas au neutre.
Ceci
dit l’homme et la femme, nous ne savons pas ce que c’est. Pendant un temps,
cette bipolarité de valeurs a été prise pour suffisamment supporter,
suturer ce qu’il en est du sexe. C’est de là même qu’est résultée
cette sourde métaphore qui, pendant des siècles, a sous-tendu la théorie de
la connaissance. Comme je l’ai fait remarquer ailleurs, le monde était ce
qui était perçu, voire aperçu, comme à la place de l’autre valeur sexuelle, ce qu’il en était
du du
pouvoir de connaître, étant placé du côté positif, du côté actif de ce
que j’interrogerai aujourd’hui en demandant quel est son rapport avec
l’UN. J’ai dit que, si le pas que nous a fait faire l’analyse nous montre,
nous révèle, en tout abord serré de l’approche sexuelle, le détour, la
barrière, le cheminement, la chicane, le défilé de la castration, c’est là,
et proprement, ce qui ne peut se faire qu’à partir de l’articulation telle
que je l’ai donnée du discours analytique, c’est là ce qui nous conduit à
penser que la castration ne saurait en aucun cas être réduite à l’anecdote,
à l’accident, à l’intervention maladroite d’un propos de menace, ni même
de censure.
La
structure est logique. Quel est l’objet de la logique ? Vous
savez, vous savez d’expérience d’avoir ouvert seulement un livre qui s’intitule
L’expérience,
l’expérience logicienne a montré qu’il en était différemment et sans
avoir ici, aujourd’hui ou par accident je dois m’époumoner, à entrer
dans le détail, ce public est tout de même suffisamment averti d’où en
notre temps a pu reprendre l’effort logique pour savoir qu’à aborder quelque
chose en principe d’aussi simplifié
comme
réel que l’arithmétique, il a pu être démontré que dans l’arithmétique,
quelque chose peut toujours s’énoncer, offert ou non offert à la déduction
logique, qui s’articule comme en avance sur ce dont les prémices, les
axiomes, les termes fondateurs, dont peut s’asseoir la dite arithmétique, permet
de présumer comme démontrable ou réfutable. Nous touchons là du doigt, en un
domaine en apparence le plus sûr, ce qui s’oppose à l’entière prise du
discours, à l’exhaustion logique, ce qui y introduit une béance irréductible.
C’est là que nous désignons le Réel.
Bien
sûr, avant d’en venir à ce terrain d’épreuve qui peut paraître à l’horizon, voire
incertain, à ceux qui n’ont pas serré de près ces
dernières épreuves, il suffira de rappeler ce qu’est le « discours
naïf ». Le " discours " naïf propose
d’emblée, s’inscrit comme tel comme vérité. Il est depuis toujours apparu
facile de lui démontrer, à ce discours, le " discours naïf ", qu’il
ne sait pas ce qu’il dit – je ne parle pas du sujet, je parle du discours. C’est
l’orée
– pourquoi ne pas le dire ? – de la critique que le sophiste, à quiconque
énonce ce qui est toujours posé comme vérité, que le sophiste lui démontre
qu’il ne sait pas ce qu’il dit. C’est même là l’origine de toute
dialectique. Et puis, c’est toujours prêt à renaître : que quelqu’un
vienne témoigner à la barre d’un tribunal, c’est l’enfance de l’art de
l’avocat que de lui montrer qu’il ne sait pas ce qu’il dit. Mais là nous
tombons au niveau du sujet, du témoin qu’il s’agit d’embrouiller. Ce que
j’ai dit au niveau de l’action sophistique, c’est au discours lui-même
que le sophiste s’en prend. Nous aurons peut-être cette année – puisque
j’ai annoncé que j’aurai à faire état du Parménide –
Dans
la ligne de l’exploration logique du Réel, le logicien a commencé par les propositions.
La logique n’a commencé qu’à
avoir su dans le langage isoler la fonction de ce qu’on appelle les
prosdiorismes qui ne sont rien d’autre que
le « un », le < quelque », le tous »
et la négation de ces propositions. Vous le savez,
Aristote défiait, pour les opposer, les universelles et les particulières, à
l’intérieur de chacunes, affirmatives et négatives. Ce que je veux marquer,
c’est la différence qu’il y a de cet usage des prosdiorismes, à ce qui
pour des besoins logiques, à savoir pour un abord qui n’était autre que de
ce réel qui s’appelle le nombre, ce qui s’est passé de complètement différent.
L’analyse logique de ce qu’on appelle fonction prositionnelle s’articule
de l’isolement dans la proposition, ou plus exactement du manque, du vide,
du trou, du creux, qui est fait de ce qui doit
fonctionner comme argument. Nommément il sera dit que tout argument d’un
domaine que nous appellerons comme vous le voulez X ou un A gothique, tout argument
de ce domaine mis à la place laissée vide dans une proposition y satisfera,
c’est-à-dire lui donnera valeur de vérité. C’est ce qui s’inscrit de ce
qui est là en bas à gauche : peu
importe quelle est la proposition, la fonction prend une valeur vraie pour tout
X du domaine. Qu’est-ce que cet x ? J’ai
dit qu’il se définit comme d’un domaine. Est-ce à dire pour autant qu’on
sache ce que c’est ? Savons-nous ce que c’est qu’un homme, à dire que
tout homme est mortel ? Nous en apprenons quelque chose du fait de dire
(p33->)
qu’il est mortel et justement de savoir que pour tout homme c’est vrai. Mais
avant d’introduire le « tout homme », nous n’en savons que
les traits les plus approximatifs et qui peuvent se définir de la façon
la plus variable – ça, je suppose que vous le savez depuis longtemps,
c’est l’histoire, que Platon rapporte, du poulet plumé. Alors c’est
bien dire qu’il faut que l’on s’interroge sur les temps de
l’articulation logique, à savoir ceci que ce
que détient le prosdiorisme n’a, avant de fonctionner comme argument, aucun
sens, qu’il n’en prend un que de son entrée dans la fonction : il prend le
sens de vrai ou de faux. Il me semble que ceci est fait pour nous faire toucher
la béance qu’il y a du signifiant à sa dénotation, puisque le sens,
s’il est quelque part, il est dans la fonction, mais que la dénotation ne
commence qu’à partir du moment où l’argument
vient s’y inscrire. C’est du même coup mettre en question ceci qui est
différent, qui est l’usage de la lettre E, également inversée,
« il
existe », il existe quelque chose qui peut servir
dans la fonction comme argument et en prendre ou n’en pas prendre valeur de vérité.
Je
voudrais vous faire sentir la différence qu’il y a de cette introduction de
l’ « il existe » comme problématique, à savoir mettant en
question la fonction même de l’existence, par rapport à ce qu’impliquait
l’usage des particulières dans Aristote, à savoir que l’usage du " quelque
" semblait avec soi entraîner l’existence. De sorte que comme le « tous
» était censé comprendre ce « quelque », le « tous »
lui-même prenait valeur de ce qu’il n’est pas, à savoir d’une
affirmation d’existence.
Nous
ne pourrons, vu l’heure, le voir que la prochaine fois : il n’y a de statut
du " tous " , à savoir de l’Universel, qu’au niveau du possible.
Il est possible de dire, entre autre, que « tous
les humains sont mortels » , et bien loin de trancher la question de l’être
humain, il faut d’abord – chose curieuse – qu’il soit assuré qu’il
existe. Ce que je veux indiquer, c’est la voie ou nous allons entrer la
prochaine fois – et je m’excuse de n’avoir pas aujourd’hui plus avancé
en raison sans doute de l’effort vocal qui m’a été demandé, exceptionnellement
je l’espère – je voudrais dire que de
l’articulation de ces quatre conjonctions, arguments, fonctions, sous le signe
des quanteurs, c’est de là, et de là seulement, que peut se définir le
domaine dont chacun de ces x prend valeur. Il est possible de proposer la
fonction de vérité qui est celle-ci, à savoir que tout homme se définit de la
fonction phallique, et la fonction phallique est proprement ce qui obture le
rapport sexuel.
C’est
autrement que va se définir cette lettre
dite quanteur universel, munie
comme je le fais de la barre qui la nie
.
J’ai avancé le trait essentiel
du « pas-tous » comme étant ce dont peut s’articuler un énoncé
fondamental quant à la possibilité de dénotation que prend une variable en
fonction d’argument : la femme se situe de ceci que ce n’est " pas-toutes "
qui peuvent êtres dites avec vérité en fonction d’argument dans ce
qui s’énonce de la fonction phallique. Qu’est-ce
que ce « pas-toutes » ? C’est très précisément ce qui mérite
d’être interrogé comme structure. Car contrairement – c’est là le point
très important – à !a fonction de la particulière négative, à savoir
qu’ « il y en a quelques qui ne sont
pas », il est impossible d’extraire du « pas-toutes » cette affirmation. C’est
le « pas-toutes » à quoi il est réservé
d’indiquer que quelque part, et rien de plus, elle a rapport à la fonction
phallique. Or c’est de
Alors
ce dont il s’agit, c’est, bien sûr, autre chose, à savoir c’est qu’au
niveau d’au-moins-un, il soit possible que soit subvertie, que ne soit plus
vraie la prévalence de la fonction phallique. Et ce n’est pas parce que
j’ai dit que la jouissance sexuelle est le pivot de toute jouissance que
j’ai pour autant suffisamment défini ce qu’il en est de la fonction
phallique. Provisoirement admettons que ce soit la même chose. Ce qui
s’introduit au niveau de l’ « au-moins-un » du père,
c’est cet " au-moins " qui
veut dire que ça peut marcher sans, ça veut dire comme le mythe le démontre –
car il est uniquement fait pour assurer ça – c’est à savoir que la
jouissance sexuelle sera possible, mais qu’elle sera limitée, ce qui suppose,
pour chaque homme dans son rapport avec la femme, quelque maîtrise, pour le
moins, de cette jouissance. Il faut à la femme " au moins ça ",
que ça soit possible, la castration. C’est son
abord de l’homme. Pour de ce qui est de la faire passer à l’acte, la dite
castration, elle s’en charge !
Et
pour ne pas nous quitter avant d’avoir articulé ce qu’il en est du quatrième
terme, nous dirons ce que connaissent bien tous les analystes et ce que veut
dire le .
Il faudra que j’y revienne, bien
sûr, puisqu’aujourd’hui nous avons été retardés, je comptais couvrir,
comme chaque fois d’ailleurs, un champ beaucoup plus vaste ; mais comme vous
êtes patients, vous reviendrez la prochaine fois.
Ça
veut dire quoi ? Le « il existe », nous l’avons dit, est problématique. Ca sera
une occasion, cette année,
d’interroger ce qu’il en est de l’existence. Qu’est-ce qui existe après
tout ? Est-ce qu’on s’est même jamais aperçu qu’a côté du fragile, du
futile, de l’inessentiel que constitue l’ " il existe ", l’ « il
n’existe pas », lui, veut dire quelque chose ?
Qu’est-ce
que veut dire d’affirmer qu’il n’existe pas d’x qui
qui soit tel qu’il puisse satisfaire à la fonction
pourvue
de la barre qui l’institue comme n’étant pas vraie
? Car c’est très précisément ce que j’ai mis en question tout à
l’heure : si « pas toutes les femmes » n’ont
C’est
à partir du moment où c’est de l’impossible comme cause que la femme
n’est pas liée essentiellement à la castration que l’accès à la femme
est possible dans son indétermination. Est-ce que ceci ne vous suggère pas –
je le sème pour que ça puisse avoir d’ici la prochaine fois sa résonance
– que ce qui est en haut et à gauche le , " l’au-moins-un " en question résulte
d’une nécessité – et c’est en quoi c’est une affaire de discours : il
n’y a pas de nécessité que dite – et cette nécessité est ce qui rend
possible l’existence de l’homme comme valeur sexuelle.
Le
possible, contrairement à ce qu’avance Aristote, c’est le contraire du
nécessaire.
C’est en ce que s’oppose à
qu’est
le ressort du possible. Je vous l’ai dit, le
« il n’existe pas » affirme d’un dire, d’un dire de
l’homme, l’impossible, c’est à savoir que c’est du Réel que la femme
prend son rapport à la castration. Et c’est ce
qui nous livre le sens du
,
c’est-à-dire du « pas-toutes ».
Le « pas-toutes » veut dire, comme il en était tout à l’heure
dans la colonne da gauche, veut dire le " pas impossible " : il n’est
pas impossible que la femme connaisse la fonction
phallique. Le " pas impossible ", qu’est-ce que c’est ? Ça a
un nom que nous suggère la tétrade aristotélicienne,
mais disposée autrement ici : de même que c’est au nécessaire que
s’opposait le possible, à l’impossible, c’est le contingent. C’est en
tant que la femme à la fonction phallique se présente en manière
d’argument, dans la contingence que peut s’articuler ce qu’il en est de la
valeur sexuelle FEMME.
Il est 2 h 16, je ne pousserai pas plus loin aujourd’hui. La coupure est faite à un endroit où je ne la trouve pas tout à fait spécialement souhaitable. Je pense avoir assez amorcé avec cette introduction du fonctionnement de mes termes pour vous avoir fait sentir que l’usage de la logique n’est pas sans rapport avec le contenu de l’Inconscient. Car ça n’est pas parce que Freud a dit que l’inconscient ne connaissait pas la contradiction pour qu’il ne soit pas terre promise à la conquête de la logique. Est-ce que nous sommes arrivés en notre siècle sans savoir qu’une logique peut parfaitement se passer du principe de contradiction ? Quant à dire que dans tout ce qu’a écrit Freud sur l’Inconscient, la logique n’existe pas, il faudrait n’avoir jamais lu l’usage qu’il a fait de tel ou tel terme : " Je l’aime, elle, je ne l'aime pas, lui ", toutes les façons qu’il y a de nier le " je l’aime, lui ", par exemple, c’est-à-dire par des voies grammaticales, pour se dire que l’Inconscient n’est pas explorable par les voies d’une logique.
note :
bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou
si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance
de m'adresser un email. Haut
de Page relu ce 15 juillet 2005