J.LACAN gaogoa
 XIV- La logique 
  du fantasme -1966-1967
     version
que CB
23 novembre 1966 note
(p19->)Je voudrais aujourd'hui essayer d'avancer à votre usage, quelques relations essentielles et fondamentales pour assurer au départ ce qui fait cette année notre sujet.
J'espère que nul n'y fera l'objection d'abstraction pour la raison que ce serait un terme impropre comme vous allez le voir. Rien de plus concret que ce que je vais avancer même si ce terme ne répond pas à la qualité d'épaisseur dont c'est la connotation pour beaucoup.
Il s'agit de vous rendre sensible telle proposition comme celle que jusqu'ici je n'ai avancée que sous l'apparence d'une sorte d'aphorisme qui aurait joué à tel tournant de notre discours, le rôle d'axiome tel que celui-ci : il n'y a pas de métalangage. Formule qui a l'air d'aller au contraire de ce qui est donné sinon dans l'expérience au moins dans les écrits de ceux qui s'essaient à fonder la fonction du langage.
A tout le moins, dans beaucoup de cas montrent-ils, dans le langage, quelques différenciations dont ils trouvent bien de partir d'un langage-objet, et sur ces bases édifiant un certain nombre de différenciations, l'acte de cette opération semble impliquer que pour parler su langage on use de quelque chose qui n'en est pas et qui l'envelopperait d'un autre ordre de ce qui le fait fonctionner.
Je crois que la solution de ces contradictions qui se manifestent dans le discours dans ce qui se dit, est à trouver dans la fonction qu'il m'apparaît essentiel de dégager au moins par le biais ou je vais essayer de l'inaugurer aujourd'hui, de dégager spécialement pour notre propos, car la logique du fantasme me semble-t-il ne saurait d'aucune façon s'articuler sans la référence à ce dont il s'agit, à savoir : quelque chose que pour l'énoncer, j'épingle sous le terme de " l'écriture ", ce n'est bien sûr pas là pour autant dire que c'est ce que vous connaissez sous les annotations ordinaires de ce mot, mais si je le choisis c'est bien qu'il doit avoir quelque rapport avec ce que nous avons à énoncer.
Un point justement sur lequel nous allons avoir à jouer aujourd'hui, sans cesse, est celui-ci: que ce n'est pas la même chose après que nous ayions dit quelque chose de l'écrire, ou bien d'écrire ce que l'on dit.
(p20->) Car la seconde opération essentielle à la fonction de l'écriture, précisément sous l'angle, sous le biais, où je veux aujourd'hui vous en monter l'importance, pour ce qu'il en est de nos références les plus propres dans le sujet de cette année, se présente avec des conséquences paradoxales.
Après tout, pourquoi pas, pour vous mettre en éveil, repartir de ce que j'ai déjà par un biais présenté devant vous sans qu'on puisse dire, je crois que je me répète, qu'il est assez dans la nature des choses qui s'agitent qu'elles émergent sous quelque biais, quelque arête qui perce la surface sur laquelle, du seul, fait de parler, nous sommes forcés de nous tenir.
| 1 2 3 4
       le plus petit nombre entier qui n'est pas inscrit sur ce tableau  | 
    ceci aurait pu être écrit de façon différente, j'aurais pu sans l'écrire, vous demander, ou même faire un petit personnage de la bouche duquel sortirait ce qu'on appelle en bande dessinée une bulle, le plus petit nombre entier qui n'est pas inscrit sur le tableau | 
C'est le nombre 5 .
Il est clair qu'à partir du moment où cette phrase est écrite, le nombre 5 y étant de ce fait écrit, y est exclu, vous n'avez qu'à chercher si ce ne serait pas le nombre 6.Ce paradoxe, il n’est peut-être pas inutile d’introduire la fonction de l’écriture par ce biais ou elle peut vous présenter quelque énigme. C’est une énigme à proprement parler logique, et ce n’est pas une plus mauvaise façon qu’une autre de vous montrer qu’il y a quelque rapport étroit entre l’appareil de l’écriture et ce qu’on peut appeler la logique, ceci mérite d’être rappeler au moment où la plupart de ceux qui sont ici en auraient une notion suffisante même pour ceux qui n’en auraient aucune, ceci pourrait servir d’accrochage pour rappeler que s’il y a quelque chose qui caractérise les pas nouveaux, nouveaux en ce sens qu’ils sont loin, d’aucune façon, de pouvoir se contenir et se résorber dans la logique classique traditionnelle, ces pas nouveaux sont entièrement liés à des jeux d’écriture.
 
Posons donc une question depuis le temps que je parle de la fonction du langage, depuis que pour articuler ce qu’il en est du sujet, de l’inconscient, j’ai construit, il a fallu que je le fasse étage par étage et devant une audience qui se faisait, à m'entendre tirer l'oreille, que j'ai construit le graphe qui est fait pour ordonner précisément ce qui dans la fonction de la parole est défini par ce champ qui nécessite la structure du langage et ce qui s'appelle les voies du discours où encore les défilés du signifiant.
   
    (p21->) 
  Quelque part dans ce graphe est inscrit la lettre A, à droite, sur 1a ligne 
  inférieure. Ce A en un sens, qu'on peut identifier au lieu de l'Autre, 
  est le lieu où se produit tout ce qui peut s’énoncer, c’est-à-dire : ce qui 
  constitue ce que j’ai appelé : le trésor du signifiant. 
  Ce qui ne se limite pas en principe au mot du dictionnaire, quand corrélativement 
  à la construction de ce graphe j’ai commencé à parler du mot d’esprit prenant 
  1es chose par ce biais qui était indispensable pour éviter toute confusion, 
  le trait " non sensical " " non-sense " 
  qu’il y a dans le mot d’esprit. 
Pour faire entendre la dimension qu’i1 s’agissait de dégager, j’ai montré la parenté au moins au niveau de la réception tympanique, la parenté qu’il a avec ce qui fut, pour nous, dans un temps d’épreuve le message personnel : c’est-à-dire tout énoncé en tant qu’il se découpe non-sensicalement. J'y ai fait allusion la dernière fois .
   
L’ensemble des énoncés fait aussi bien partie de cet univers du discours qui
est situé dans le A. La question qui se pose et qui
est proprement une question de structure, celle qui donne
son sens à ceci : que  l’inconscient est structuré comme un langage, ce qui
est un pléonasme dans mon énonciation puisque
j’identifie structure à ce commun 1angage dans la structure que je vais
essayer de faire fonctionner devant vous. 
Qu'en est-il de cet univers du discours en tant qu'il implique ce jeu du signifiant en tant qu'il définit ces deux dimensions de la métaphore pour autant que la chaîne peut toujours ne enter ( ? proposition : dépendre ) ( Se enter est un terme de botanique signifiant greffer, ou encore mettre bout à bout ou encore combiner. Voir note de JFF ) d'une autre chaîne par la voie d'une opération de substitution. Que par essence ce glissement qui tient à ce qu'aucun signifiant n'appartient à aucune signification.
Autant rappeler cette mouvance de l’univers du discours qui permet une mer de variations de ce qui constitue les significations, cet ordre essentiellement mouvant et transitoire où rien, comme je l’ai dit en son temps, ne s’assure que de la fonction de ce que j’ai appelé sous une forme métaphorique les points de capiton. C’est ça aujourd’hui, l’univers du discours qu’il s’agit d’interroger, à partir de ce seul axiome dont il s’agit de savoir ce qu’à l’intérieur de cet univers du discours il peut spécifier : axiome que j’ai avancé la dernière fois ; que le signifiant : que le signifiant, ce signifiant que nous avons jusqu'ici défini comme représenter un sujet pour un autre signifiant, ce signifiant que représente-t-il ? En face de lui-même ? De sa répétition d'unité signifiante ?
    
  Ceci est défini par l’axiome : qu’aucun signifiant, 
  fut-il réduit à sa forme minimale, celle que nous appelons la lettre, ne saurait 
  se signifier lui-même. 
L’usage mathématique qui tient précisément en ceci : que quand nous avons quelque part, et pas seulement dans un exercice d’algèbre, posé une lettre A, nous la reprenons ensuite comme si c’était la deuxième fois que nous nous en servions, toujours le même. Ne faites pas cette objection que je n’ai pas...
(p22->)
    
   Sachez que nulle énonciation 
  correcte d’un usage quelconque de lettre dans ce qui est le plus proche de nous, 
  par exemple l’usage d’une chaîne de Markoff, nécessitera de tout enseignant 
  l'étape propédeutique de bien faire sentir ce qu’il y a d’impasse, d’arbitraire, 
  d’absolument injustifiable dans cet emploi du A, tout apparent d’ailleurs, pour 
  représenter le ler A comme si c’était toujours le même. C’est une difficulté 
  qui est au principe de l’usage mathématique, de cette prétendue identité nous 
  n’y avons pas expressément à faire aujourd’hui puisque ce n’est pas de mathématique 
  qu’il s’agit, je veux vous rappeler que le fondement, que le signifiant n’est 
  point fondé à se signifier lui-même, est admis par ceux qui, à l’occasion, ne 
  peuvent faire un usage contradictoire à ce principe, au moins en apparence, 
  il serait facile de voir par quel truchement ceci est possib1e. 
   
Mais
je ne veux pas m’y égarer. 
 
    
  Mon propos est celui-ci : quelle 
  est la conséquence de cet univers du discours, de ce principe : que le signifiant 
  ne saurait se signifier lui-même, que spécifie cet axiome dans cet univers du 
  discours en tant qu’il est constitué par tout ce qui peut se dire. Quelle est 
  la sorte de spécification, que cet axiome détermine ?. Fait-elle partie de l’univers 
  du discours ? Si elle n’en fait pas partie, c’est assurément pour nous un problème. 
  Ce qui spécifie je 1e répète, l’énoncé axiomatique, que le signifiant ne saurait 
  se signifier lui-même, aurait pour conséquence de spécifier quelque chose qui, 
  comme tel, ne serait pas dans l’univers du discours, alors que précisément, 
  nous venons d’admettre en son sein de dire qu’il englobe tout ce qui peut se 
  dire. Nous trouvons dans quelque déduit qui signifierait ceci : que ce qui ainsi 
  ne peut faire partie de l’univers du discours, ne saurait se dire de quelque 
  façon puisque nous parlons de ceci que je vous amène, ce n’est évidemment pas 
  pour vous dire que c’est l’ineffable. Thématique dont on sait que par pure cohérence, 
  sans être pour cela de l’école de Mr Wittgenstein dont il est inutile de parler, 
  avant d’en arriver à une telle formule dont vous voyez bien que je ne vous ménage 
  pas le relief ni l’impasse, qu’il constitue, puisque aussi bien il va nous falloir 
  y revenir, je fais tout pour que les voies vous soient frayées dans ce en quoi 
  j’essaie que vous me suiviez. 
Prenons d’abord le soin de mettre à l’épreuve ceci : c’est ce que spécifie l’axiome : que le signifiant ne saurait se signifier lui-même reste partie de l’univers du discours.
   
Qu’avons-nous alors à poser ? 
   
Ce
dont il s’agit, ce que spécifie la relation que j’ai énoncée (que le
signifiant ne saurait se signifier lui-même) ( voir variante de
ce passage proposée par JFF ) 
    
  S w S   prenons un petit signe qui se fonde sur cette 1ogique, 
  
    
  Que le signifiant ne saurait 
  se signifier lui-même, nous l’avons dit que ce que détermine cet axiome comme 
  spécification dans l’univers du discours et que nous allons désigner par un 
  signifiant : B : un signifiant essentiel dont vous remarquerez qu’il peut s’approprier 
  à ceci ; que l’axiome précise qu’il ne saurait dans un certain rapport s’engendrer 
  aucune signification. B est précisément ce signifiant dont rien n’objecte qu’il 
  soit spécifié de ceci : qu’il marque cette stérilité, le signifiant en lui-même 
  étant justement caractérisé de ceci : qu’il n’y a rien d’obligatoire, qu’il 
  est loin d’être le sujet, qu’il engendre une signification. 
B
& A 
   
C’est
ce qui me permet de dire que le rapport du signifiant à soi-même n’engendre
aucune signification. Partons de ceci qui semble s’imposer : c’est que
quelque chose que je suis en train d’énoncer fait partie de l’univers du
discours. 
   
Je
me sers momentanément de mon petit poinçon pour
dire que B  fait partie de A, dont je
vous ai indiqué 1a complexité en décomposant
ce petit signe de toutes les façons. 
    
  Il s’agie de savoir s’il n’y a pas quelques contradiction qui en résulte, à 
  savoir si le fait que nous ayions écrit que le signifiant ne saurait se signifier 
  lui-même, nous pouvons écrire que ce B  non pas se signifie lui-même, mais 
  faisant partie de l’univers du discours peut être considéré comme quelque chose 
  qui sous le mode qui caractérise ce que nous avons appelé une spécification 
  peut s’écrire B, fait partie de lui-même.  
  
    
  Il est clair que la question 
  se pose : B fait-il partie de lui-même ?  Autrement dit ce qu’entraîne 
  la notion de spécification, à savoir ce que nous avons appris à distinguer en 
  plusieurs variétés logiques, je veux dire qu’il y en a assez qui savent que 
  l’ensemble n’est pas superposable à la classe. Tout 
  doit s’enraciner d’une 1ogique de spécification. 
    
  Nous nous trouvons devant quelque chose dont aussi bien, la parenté doit suffisamment
   raisonner de ce que j’ai appelé la dernière fois, à savoir le paradoxe de
   Russel  en tant que ce que j’énonce ici dans les termes qui nous intéressent
   : la fonction  des ensembles, pour autant qu’elle fait quelque chose que je
   n’ai pas fait moi 
  encore, car je ne suis pas ici pour l’introduire mais pour vous maintenir dans
   un champ qui logiquement est en deçà. C’est l’occasion d’essayer de saisir
   quelque  chose : à savoir ce qui fonde la mise en jeu de l’appareil dit : théorie
    des ensembles qui, aujourd’hui, se présente comme tout à fait original,
     assurément, à tout énoncé mathématique et à qui, pour qui, la logique n’est
      rien d’autre que ce que le symbolisme mathématique peut saisir, sera aussi
      le  principe, et c’est ça que je  (p24->)
    
  Essayons de voir ce que veut 
  dire le paradoxe de Russel, 
  quand il couvre quelque chose qui n’est pas loi de ce qui est là au tableau, 
  simplement, il promeut comme tout à fait enveloppant ce fait d’un type de signifiant 
  qu’il prend d'ailleurs  
   
Mais
partons de l’opposition que met un Russel à marquer quelque
chose qui serait contradiction dans la formule qui s’énoncerait ainsi d’un
sous-ensemble B dont il serait impossible d’assurer le statut à partir de
ceci : qu’il serait spécifié dans un
autre ensemble A par une caractéristique
te11e qu’un élément de A ne se contiendrait pas lui-même. 
   
Il
est facile dans cette condition de montrer la contradiction dans ceci : que
nous n’avons qu’à prendre un élément Y comme faisant partie de B pour
nous apercevoir des conséquences qu’il y a dès lors à le faire à la fois
comme tel, partie comme élément de AA
et n’étant pas élément de lui-même. 
 ![]()
la contradiction consisterait à mettre B
à la place de Y  chaque fois que nous
faisons B élément de B, il en résulte que puisqu’il fait
partie de A là ne doit pas faire partie de lui-même. Si d’autre part,
B étant mis, substitué à 1a place de cet Y s’il ne fait pas partie de lui-même
satisfaisant à la parenthèse de droite, il fait partie donc de lui-même dans un de ces y élément de H,
voilà la contradiction dans laquelle nous met
le paradoxe de Russel, il s’agit de savoir si dans notre registre, nous
pouvons nous y arrêter, quitte en passant,
à nous apercevoir ce que signifie la contradiction mise en valeur dans la théorie
des ensembles, ce qui nous permettra peut-être de dire par quoi la théorie des
ensembles se spécifie dans la logique, à savoir
: quel pas elle constitue par rapport à celle que
nous essayons ici de distinguer. 
    
  La contradiction dont il s’agit à ce niveau où s’articule 1e paradoxe de Russel, 
  tient précisément comme le seul usage des mots nous le livre, à ceci : que je 
  vous le dis. 
   
Car
si je ne le dis pas, rien n’empêche cette formu1e, très précisément,
1e seconde, de tenir comme tel, écrit et rien ne dit que son usage s’arrêtera
là. Ce que je dis ici, n’est nullement jeu de
mots, car la théorie des ensembles en tant que 
   
Voilà
ce qui fait que puisque nous ne sommes pas au niveau d’une telle spécification,
que puisque je mets en jeu l’univers du discours, ma question ne rencontre pas
le paradoxe de Russell à savoir : qu’il ne se déduit nulle impasse. nulle
impossibilité à ceci que B dont j’ai commencé à supposer qu’il
puisse faire partie de l’univers du discours, assurément quoique fait de la
spécification que le signifiant ne saurait se signifier lui-même peut peut-être
avoir avec lui-même cette sorte de rapport qui échappe au paradoxe de Russell
à savoir nous démontre que1que chose qui serait peut-être sa propre dimension.
Nous allons voir dans quel statut il fait partie de l’univers du discours. En
effet, j’ai pris soin de vous rappeler l’existence du paradoxe de Russel, je
voudrais pouvoir m’en servir pour vous faire sentir quelque
chose. 
   
Je
vais vous le faire sentir de la façon la plus
simp1e et ensuite d’une façon un peu plus
riche. 
    
  Je vous le fais sentir de la façon la plus simple parce que je suis prêt depuis 
  quelque temps à toutes les concessions. On veut que je dise des choses simples, 
  et bien je dirai des choses simples. Vous êtes déjà assez formés à ceci, grâce 
  à mes soins, pour savoir que ce n’est pas une voie si directe pour comprendre, 
  même si ce que je vous dis paraît simple, vous restera-t-il une méfiance. 
Un catalogue de catalogue, voilà bien au premier abord, il s’agit bien de signifiants. Qu’avons-nous à être surpris qu’il ne se contienne pas lui-même puisque ceci nous paraît exigé au départ. Rien n’empêcherait que le catalogue qui ne se contient pas lui-même, ne s’imprime lui-même. Rien ne l’empêcherait, pas même la contradiction de RUSSELL !
    
  Considérons cette possibilité 
  : que pour ne pas se contredire il ne s’inscrive pas en lui-même, il n’y a que 
  4 catalogues qui ne se contiennent pas eux- mêmes : A B C D. Supposons qu’il 
  apparaisse un autre catalogue qui ne se contienne pas lui-même E. Qu’y a-t-il 
  d’inconcevable à penser qu’il y a un premier catalogue qui contient A B  
  C D un second catalogue qui contient : B C D E et à ne pas nous étonner qu’à 
  chacun il manque cette lettre qui est proprement celle qui le désignerait lui-même 
  mais à partir du moment où vous engendrez cette succession, vous n’avez qu’à 
  l’arranger sur 1e pourtour d’un disque et à vous apercevoir que ce ne soit pas 
  (p26->)
    
  Nous rentrons avec 1e livre apparemment dans l’univers du discours, pourtant 
  dans la mesure où le livre a quelque référent, et où lui aussi, il peut être 
  un livre qui a à couvrir une certaine surface au registre de quelque titre, 
  le livre comprendra une bib1iographie, ce qui veut dire quelque chose qui se 
  présente proprement pour nous imager ceci : de ce qui résulte pour autant qu’un 
  catalogue vive ou ne vive pas dans l’univers du discours. Si je fais le catalogue 
  de tous les livres qui contiennent une bibliographie, naturellement ce n’est 
  pas de bibliographies que je fais 1e catalogue. Néanmoins à cataloguer ces livres, 
  je peux fort bien recouvrir l’ensemble de toutes les bibliographies. C’est bien 
  là que peut se situer le Fantasme qui est proprement le Fantasme poétique par 
  excellence, celui qui obsédait Mallarmé, du livre absolu, il est à ce niveau 
  où les choses se nouant au niveau de l’usage non pas du pur signifiant, mais 
  du signifiant purifié pour autant que je dis et que j’écris que je dis que le 
  signifiant est ici articulé comme distinct de tout signifié, que je vois alors 
  se dessiner la possibilité de ce livre absolu dont 
  le propre serait qu’il engloberait toute la chaîne signifiante proprement en 
  ceci qu’elle peut ne plus rien signifier. En ceci qu’i1 y a quelque 
  chose qui s’avère comme fondé dans l’existence au niveau de l’univers du discours 
  mais dont nous avons à suspendre cette existence de la logique propre qui peut 
  constituer celle du fantasme, car aussi 
    
  Cette indication suggestive n’a rien qui épuise la richesse de ce que nous fournit 
  la moindre étude topologique, c’est qu’il s’agit aujourd’hui, d’indiquer que 
  le spécifique de ce mode de l’écriture est justement de se distinguer 
  du discours par le fait qu’il peut se fermer et se fermant sur lui-même c’est 
  de là que surgit cette possibilité d’un un qui a un tout autre statut, que celui 
  de l’un qui unifie et qui englobe, mais de ce un qui déjà de la simple fermeture 
  et sans qu’il soit besoin d’entrer dans le statut de la répétition qui lui pourtant 
  est lié étroitement rien que de sa fermeture, il fait surgir ce qui a statut 
  de l’un en plus pour autant qu’il ne se soutient que de l’écriture et qu’il 
  est pourtant ouvert dans sa possibilité à l’univers du discours, puisqu’il suffit 
  comme je l’ai fait remarquer, que j’écrive, mais il est nécessaire que cette 
  écriture ait lieu, ce que je dis de l’exclusion, de cet un, ceci suffit pour 
  engendrer cet autre plan qui est celui où se déroule à proprement parler toute 
  1a fonction de la logique, la chose nous étant suffisamment indiquée 
  par 1a stimulation que la logique a reçu de se soumettre au seul jeu de l’écriture 
  à ceci près qu’il lui manque toujours de se souvenir, que ceci ne repose 
  que sur la fonction d’un manque, de cela même qui est écrit et qui 
  constitue  le statut de la fonction de l’écriture. 
    
  Je dis des choses simples, ceci 
  risque de vous faire apparaître ce discours décevant, vous auriez tort de ne 
  pas voir que ceci s’insère dans un registre de questions qui donnent dès 1ors 
  la fonction de l’écriture quelque chose qui ne saurait que se répercuter jusqu’au 
  plus profond de toute conception possible de la structure car si l’écriture 
  dont je parle, ne se supporte que de ce retour sur soi- même et d’une coupure. 
  
   
Nous
voici portés à ceci : que les attitudes précisément les plus fondamentales,
liées au progrès de l’analytique mathématique
nous ont mis à même d’en isoler la fonction du bord. Dès lors que nous
parlons de bord, il n’y a rien qui puisse nous faire substantifier cette
fonction pour autant que vous en déduisez indûment que cette fonction de l’écriture
est de limiter ce mouvement comme étant celui de nos pensées, ou de
l’univers du discours. Loin de là, s’il est quelque chose qui se structure comme bord, ce qui le limite
lui-même est en posture d’entrer à son
tour dans la fonction bordante. 
    
  C'est là ce à quoi nous allons avoir à faire, ou bien c’est l’autre voie sur 
  laquelle j’entends terminer, c’est le rappel de ce qui depuis toujours est connu 
  de cette fonction du trait unaire. 
(p28->)
    
  Je terminerai en évoquant le 
  verset 26 (chap V ) d’un livre pour faire entendre ce qu’il en est de la fonction 
  du signifiant : le 
  livre de Daniel. 
   
Le pantalon d’un zouave désigne d’un mot qu’on appelle : anopak, ( Happax, voir
note de JFF ) à moins
que ce soit de ce que partagent les personnages
en question. 
    
  Au livre de Daniel, vous avez la théorie du sujet surgissant à la limite de 
  cet univers du discours, c’est l’histoire du festin dramatique dont nous ne 
  retrouvons plus la moindre trace dans les annales, " Mane mene tekel fares 
  " mane qui veut dire compter, comme le fait remarquer Daniel. Il le dit 
  deux fois pour montrer la répétition la plus simple. Il suffit de compter jusqu’à 
  deux pour ce qu’il en est, que la racine de la répétition s’exerce contrairement 
  à ce qui est dans la théorie des ensembles, on ne le dit pas. On ne dit pas 
  que ce que la répétition cherche à répéter c’est précisément ce qui échappe 
  de par la fonction de la marque pour autant que la marque est originelle dans 
  la fonction de répétition. C’est pour ça que la répétition s’exerce de ce que 
  répète la marque, mais pour que la marque provoque la répétition cherchée, il 
  faut que sur ce qui est cherché : la marque, cette marque s’efface au niveau 
  de ce qu’elle a marqué, que c’est là pourquoi dans la répétition ce qui est 
  cherché, qui par sa nature se dérobe, laissa se perdre ceci : que la marque 
  ne saurait se redoubler qu’à effacer, à répéter la marque première, c’est- à-dire 
  à la laisser glisser hors de portée. Mane - quelque chose manque au point. Teckel, 
  le prophète Daniel l’interprète aux princes qu’il veut en effet passer quelque 
  chose manque, ce manque radical qui découle de la fonction même du compter en 
  tant que tel, cet un en plus qu’on peut qu’on ne peut pas compter c’est ça qui 
  constitue ce manque auquel il s’agit que nous donnions la fonction logique, 
  celui qui fait précisément éclater ce qu’il en est de l’univers du discours, 
  de la bulle, insuffisance de ce qui s’enferme dans l’image du tout imaginaire 
  voilà par quelle voie se porte l’effet de l’entrée de ce qui se situe au point 
  radical.
   
La
lettre dont il s’agit, la 1ettre en tant
qu’elle manque, puisque aujourd’hui je refais une irruption sur cette tradition juive sur laquelle j’ai tant de
choses à dire, où j’ai été jusqu’à me collecter, de tout ceci il
m’en reste quelque chose. 
"
Commence
le livre ... par ce bet ... " cette lettre que nous avons employée le
A  l’Aleph, n’était pas aujourd’hui celle d’où ressortir toute la
création, en quelque
sorte reliée sur elle-même, c’est pour autant qu’une de ces lettres est
absente que les autres fonctionnent, mais sans
doute est-ce dans son manque que réside toute la fécondité de l’opération.
  note 
  : 
  bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou 
  si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance 
  de m'adresser un 
  émail. 
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