Etre ou ne pas être, c'est là la question.
Y a-t-il plus de noblesse d'âme à subir
la fronde et les flèches de la fortune outrageante,
ou bien à s'armer contre une mer de douleurs
et à l'arrêter par une révolte ? Mourir,... dormir,
rien de plus; et dire que par ce sommeil nous mettons fin
aux maux du coeur et aux mille tortures naturelles
qui sont le legs de la chair: c'est là un dénouement
qu'on doit souhaiter avec ferveur. Mourir... dormir !
Dormir, peut-être rêver ! Oui, là est l'embarras.
Car quels rêves peut-il nous venir dans ce sommeil de la mort,
quand nous sommes débarrassés de l'étreinte de cette vie ?
Voilà qui doit nous arrêter.c'est cette réflexion-là
qui nous vaut la calamnité d'une si longue existence.
..
Ainsi la conscience fait de nous des lâches,

(Hamlet. Acte III, scène 1)

traduction Victor HUGO