Scolastique, sa logique,

un débat d'actualité :
Préséance de la Vérité religieuse sur la Raison Philosophique ou inversement préséance de la Raison Philosophique (ou de l'Esprit scientifique) sur la Vérité de la Religion !

 
  Présentation,
Caractéristiques,
Méthodes,
Les philosophes de la scolastique,

 

Scolastique, terme désignant à la fois le mouvement philosophique et théologique qui caractérise la pensée du Moyen Âge et l’enseignement dispensé par l’École (en latin, Schola, dont est dérivé Scholasticus).
La pensée scolastique s’est efforcée d’utiliser la raison humaine naturelle, en empruntant en particulier à la philosophie d’Aristote, pour comprendre la dimension surnaturelle de la révélation chrétienne.

La scolastique est, dans son sens originel, le savoir enseigné dans les institutions ecclésiastiques que sont les écoles et universités au Moyen Âge. Cet enseignement se définit comme un vaste commentaire des textes, qui a pour idéal d’intégrer en un système ordonné la sagesse naturelle de la Grèce et de Rome, et la foi du christianisme. Le substantif masculin a fini par s’appliquer à quiconque enseigne la philosophie ou la théologie dans les dites écoles ou universités.

Principales caractéristiques,
Biblios
Hadrian
,
     
 

Les penseurs scolastiques ont défendu des conceptions diverses, tant en philosophie qu’en théologie. Ce qui confère une unité à l’ensemble du mouvement scolastique, c’est la communauté de buts, d’attitudes et de méthodes, adoptés, de manière générale, par ses membres. La préoccupation majeure des scolastiques n’est pas de découvrir des faits nouveaux, mais d’intégrer à la révélation chrétienne le savoir déjà acquis par le raisonnement grec. Cette préoccupation constitue une des différences les plus caractéristiques entre la scolastique et la pensée moderne depuis la Renaissance.

La première attitude commune aux scolastiques consiste donc en leur respect des autorités, tant en philosophie qu’en théologie. Ces autorités sont les grands philosophes de la Grèce et de Rome ainsi que les premiers Pères de l’Église.
Les scolastiques médiévaux s’astreignent ainsi à l’étude de ces auteurs anciens. En matière de philosophie, les scolastiques tiennent Aristote pour l’autorité suprême, le surnommant simplement « le Philosophe ». Saint Augustin est la principale autorité en théologie, seule l’autorité de la Bible et des conciles officiels de l’Église lui est supérieure. Et les Quatre Livres des Sentences de Pierre Lombard, datant du XIIe siècle, forment le livre de base de l’enseignement théologique.
Ainsi, même lorsque leur pensée atteint sa pleine maturité et qu’ils commencent à produire des œuvres de philosophie originales, les scolastiques n’abandonnent pas la pratique de la citation des autorités intellectuelles du passé.
Des critiques ultérieurs ont conclu de cette pratique que les scolastiques n’étaient que des compilateurs. Mais en réalité, les scolastiques de la maturité, dont saint Thomas d’Aquin et Duns Scot, font preuve d’une grande souplesse et de beaucoup d’indépendance dans leur usage des textes anciens.
Pour mettre en harmonie les textes avec leurs propres positions, il n’est pas rare qu’ils livrent des interprétations difficilement conciliables avec les intentions des Anciens.
Le recours à l’autorité n’est souvent qu’une figure de style pour amorcer ou clore l’exposé des opinions personnelles du commentateur, destinée à rendre ses vues acceptables en montrant qu’elles s’inscrivent en continuité avec le passé et n’ont rien d’inédit.
La nouveauté et l’originalité de la pensée, loin d’être délibérément recherchées, sont donc bien plutôt contraires à l’esprit des scolastiques.

L’autre position commune est la conviction d’une harmonie fondamentale entre la raison et la révélation. Les scolastiques pensent que si le même Dieu est la source des deux modes de connaissance et que la vérité est un des principaux attributs de Dieu, il est impossible que Dieu se contredise par ces deux modes.
Toute opposition apparente entre la révélation et la raison peut être imputée soit à un usage incorrect de la raison, soit à une inexactitude d’interprétation des termes de la révélation.

Dans la mesure où les scolastiques conçoivent la révélation comme l’enseignement direct de Dieu, ils considèrent qu’elle possède un degré de vérité et de certitude supérieur à celui de la raison naturelle.
C’est pourquoi, dans les conflits apparents entre foi religieuse et raisonnement philosophique, la foi est toujours l’arbitre suprême ; la décision du théologien prévaut donc sur celle du philosophe.

Vers le début du XIIIe siècle, la pensée scolastique met davantage l’accent sur l’indépendance de la philosophie dans son propre domaine. Mais durant toute la période scolastique, la philosophie n’en est pas moins appelée « servante de la théologie » (ancilla theologiae), non seulement parce que la vérité de la philosophie est subordonnée à celle de la théologie, mais aussi parce que les théologiens se servent de la philosophie pour comprendre et élucider la révélation.

Cette attitude de la scolastique contraste nettement avec la doctrine dite de la « double vérité » du philosophe et médecin musulman Averroès. Selon lui, la vérité est accessible tant à la philosophie qu’à la théologie islamique, mais seule la philosophie est en mesure d’en atteindre une parfaite connaissance. Ainsi les prétendues vérités de la théologie ne sont-elles que l’expression imparfaite de la représentation que se fait le commun des mortels de la vérité authentique, accessible seulement à la philosophie. La vérité philosophique peut même contredire les enseignements de la théologie islamique.

La croyance que nourrissent les scolastiques dans l’harmonie de la foi et de la raison les conduit à déterminer la capacité et la compétence précises de chacune de ces deux facultés. Bon nombre des premiers scolastiques, comme saint Anselme, ne distinguent pas clairement la foi de la raison et s’en remettent aveuglément à la raison pour prouver certaines doctrines de la révélation. Avec saint Thomas d’Aquin, la pensée scolastique saura trouver un équilibre entre raison et révélation. Mais ses successeurs, comme le théologien et philosophie écossais John Duns Scot, restreindront de plus en plus le domaine des vérités susceptibles d’être démontrées par la raison, et insisteront pour que quantité de doctrines, que l’on considérait auparavant comme démontrées par la philosophie, soient désormais acceptées sur la base de la seule foi.
Une des raisons de ce recul tient à ce que les scolastiques se conforment beaucoup plus rigoureusement aux exigences de la démonstration scientifique telle qu’elle a été spécifiée dans l’Organon d’Aristote, que ne l’ont fait les philosophes précédents. Ces exigences sont si strictes qu’Aristote lui-même était rarement en mesure de les respecter parfaitement, en dehors des mathématiques. Cette évolution a conduit progressivement à la perte de confiance dans la raison humaine naturelle et dans la philosophie, doute qui caractérise à la fois la pensée du début de la Renaissance et les premiers réformateurs religieux, comme Martin Luther.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Raison/
Révélation,

Philosophie & Religion

 

 

 

 

AVERROES

 

 

 

 

ANSELME

Méthodes
     
 

Les principaux outils des scolastiques sont la logique et le vocabulaire philosophique d’Aristote, la démonstration, la discussion et le commentaire, celui-ci émanant, soit du seul maître (lectio), soit d’une autorité reconnue.
Les premiers scolastiques commencent par adhérer au texte qu’ils commentent. Puis, progressivement, la pratique de la lecture critique produisant ses propres effets sur la pensée, ils se mettent à insérer quantité de commentaires supplémentaires sur des points de controverses célèbres, que le texte ne mentionne pas du tout ou qu’il évoque de façon inadéquate.
À partir du XIIIe siècle, ces réflexions supplémentaires (quaestio) qui incarnent la pensée personnelle des maîtres deviennent la partie la plus volumineuse et la plus importante des commentaires, l’explication littérale du texte ne représentant plus qu’une simple fraction de ceux-ci (ainsi, la Somme théologique, de saint Thomas d’Aquin).

Aux commentaires sur des questions controversées se rattache la technique de débat public.
Au Moyen Âge, tout professeur d’université était tenu de participer plusieurs fois par an à une dispute (disputatio) en présence des membres de la faculté et des étudiants pour défendre les points cruciaux de son enseignement contre ses détracteurs.
Les formes de la logique aristotélicienne étant utilisées à la fois par la défense et par l’accusation, la dispute publique devient ainsi au XIIIe siècle un instrument d’éducation, permettant de stimuler, de vérifier et de communiquer l’évolution de la pensée en philosophie et en théologie.
Dans la seconde moitié du XIVe siècle, la vitalité des disputes publiques décline et fait place à un formalisme rigide, les participants à la dispute s’intéressant moins à son enjeu réel qu’à des finesses de logique. Cette forme dégradée de dispute a largement contribué à la mauvaise réputation de la scolastique durant la Renaissance et les périodes ultérieures. C’est une des principales raisons pour lesquelles nombre de penseurs modernes n’ont retenu de la scolastique que la vanité du formalisme logique.

 
     
Les philosophes de la scolastique
     
 

Les grands noms de la scolastique des XIe et XIIe siècles sont Anselme, Pierre Abélard et Roscelin, qui fonde le courant « nominaliste ». À la même époque, Maïmonide a tenté de réconcilier la philosophie aristotélicienne et la révélation divine telle que la conçoit le judaïsme, dans un esprit similaire à celui de la scolastique chrétienne. Les scolastiques du XIIIe siècle, qui correspond à l’âge d’or de ce mouvement de pensée, sont saint Thomas d’Aquin et saint Albert le Grand, Roger Bacon, saint Bonaventure et Duns Scot. Au XIVe siècle, le nominalisme a pris le pas sur la scolastique, il est représenté par Guillaume d’Occam, logicien qui soutient que la raison naturelle et la philosophie ont un champ d’application beaucoup plus étroit que ne l’affirment les scolastiques.

La scolastique a connu un brillant mais bref regain, en particulier dans le domaine de la théologie, dans l’Espagne du XVIe siècle (Francisco de Vitoria, Francisco Suárez). Un renouveau de plus grande envergure a été initié par le pape Léon XIII en 1879, afin de reconsidérer, à la lumière des besoins modernes, les grands systèmes scolastiques du XIIIe siècle, en particulier celui de saint Thomas d’Aquin et d’intégrer à la refonte de ces systèmes toutes les contributions authentiques de la pensée moderne. Ce renouveau « néoscolastique » constitue un des courants de la pensée contemporaine. Ses principaux tenants sont le philosophe et néothomiste Jacques Maritain et l’historien de la philosophie Étienne Gilson.

ABELARD,
ROSCELIN,
MAÏMONIDE,
St THOMAS
D'AQUIN
,
ALBERT le GRAND,
BACON,
BONAVENTURE,
DUNS SCOT,
GUILAUME d'OCCAM,

VITORIA,
SUEREZ,
MARITAIN,
GILSON,