Connaissance,
ARISTOCLES-Platon,

[kɔnεsɑ ̃:s]
conoisance « acte de connaître», cognoissance, « faculté de connaître, intelligence », congnoissance « expérience, habileté »


Personnification de la Connaissance, Επιστημη, Episteme ,
Détail de la bibliothèque de Celsus, (Κελσος), bâtiment d'architecture romaine à Éphèse, en Anatolie, en Turquie actuelle. 117 apr JC

 
 
 
Définitions :
- La connaissance est le processus psychique par lequel une âme, percevant un objet, est en mesure de dire ce qu'il est. Dans la mesure où cette perception peut être plus ou moins exacte, on distinguera différents modes de connaissance, dont chacun, selon la puissance qui lui est propre, a un objet spécifique : l'ignorance pure et simple porte sur le non être, l'opinion sur ce qui semble, l'intelligence sur ce qui est.

- La connaissance est une capacité, une puissance de l'âme (une dunamis : Rép., V, 476e-478d; Sop., 248d-e).

Le vocabulaire de Platon, Ellipses

 
Acte de la pensée qui saisit un objet par les sens ou non avec implication plus ou moins grande du sujet de la connaissance.
CNRTL,
 
 
 
- la connaissance propositionnelle est le fait de savoir qu'une certaine proposition est vraie, par exemple, « savoir que la Terre est ronde » ;
- le savoir-faire est le fait d'être capable de réussir une action, par exemple, « savoir faire des gaufres »
- la connaissance objectuelle, aussi appelée acquaintance, est le fait de connaître une chose particulière, par exemple, « connaître Paris »


La définition de la connaissance propositionnelle est celle qui a le plus attiré l'attention des philosophes. Ils s'accordent généralement sur le fait qu'une connaissance est une croyance qui est vraie, mais aussi qu'elle n'est pas seulement une croyance vraie 3.

Ils s'accordent à penser qu'il faut en outre que la croyance et la vérité (ou le fait) soit en quelque sorte connectés d'une façon appropriée, mais ils sont en désaccord sur la nature de cette connexion.

Pour certains, il faut que la croyance soit certaine ou infaillible 4, pour d'autres, qu'elle soit justifiée 5, ou pourvue d'une justification non défaite 6, pour d'autres, qu'elle résulte d'un processus fiable 7, ou pour d'autres encore qu'elle ne soit pas vraie par accident 8.

Ce sont sur ces conditions supplémentaires pour la connaissance que les débats portent.

selon wikipedia,
 

L'épistémologie (du grec ancien ἐπιστήμη / epistếmê « connaissance vraie, science » et λόγος / lógos « discours ») peut désigner deux concepts :

  • dans le monde francophone : l'étude critique des sciences et de la connaissance scientifique ;
  • dans le monde anglo-saxon : l'étude de la connaissance en général.
selon wikipedia,
 
 
 
Commentaires :

à propos de Monitz SCHLICK (voir bibliographie)

« La théorie générale de la connaissance » est publiée à Berlin en 1918, Schlick fut l’un des tout premiers à tirer les leçons de la théorie de la relativité et à prendre la mesure de la révolution philosophique qu’elle a impliquée. Parmi les idées fortes qui découlaient de cette théorie de la relativité on peut retenir : « le caractère conventionnel de certains de nos jugements » (notamment quand on définit les concepts de temps et d’espace).

Pour ce philosophe : « tous nos jugements sont soit des définitions, soit des jugements de connaissance ». Connaître en science comme dans la vie quotidienne est toujours reconnaître ou retrouver selon Schlick. De même pour reconnaître, il faut comparer. Dans la vie quotidienne, cette comparaison s’effectue entre des représentations intuitives, imprécises et fugaces.

Schlick établit la nécessité pour la connaissance d’admettre l’existence d’une réalité non donnée, l’existence de choses en soi. Mais, cette réalité transcendante de la chose en soi n’est pas celle que lui assigne l’idéalisme transcendantal de Kant. Le problème de la connaissance de la réalité transcendante cesse de se poser en ces termes, dès que l’on a compris que la nature même de la connaissance (qui « n’est pas l’union intime d’un sujet et d’un objet ne consiste pas à saisir, pénétrer ou contempler, mais simplement à désigner l’objet ») a pour conséquence que connaître le phénomène, c’est du même coup connaître la chose en soi.

La théorie générale de la connaissance défend un « réalisme critique » qui est un monisme.


Autoportrait subjectif du physicien et philosophe moniste Ernst Mach, censé illustrer l'unité du « moi » et du monde.

 


Contrairement à la thèse généralement acquise, Platon, dans le Théétète ne définit pas la connaissance. On trouve de nombreuses sources lui attribuant l'expression « d'opinion droite pourvue de raison » (201d).
Or, à la lecture du texte, il apparaît que Platon ne se satisfait pas de cette définition, puisqu'une opinion peut être vraie sans pour autant en avoir la science : le juge, par exemple, peut être persuadé par un témoin, et prononcer un jugement correct. Et la justification requiert par ailleurs un savoir, une connaissance, la définition devient alors : « l'opinion vraie accompagnée de savoir de la différence ». Le mot « savoir » apparait alors dans sa propre définition! Ce qui est impossible. Il s'agit d'une définition circulaire qui n'est donc pas valide. Pour cette raison, Platon réfute cette caractérisation et n'apporte donc aucune définition.

Cependant, les exégètes de Platon ne s'accordent pas tous sur le fait de savoir si Platon adoptait lui-même cette définition ou non. Quoi qu'il en soit, elle a été retenue par une certaine tradition philosophique ultérieure. Aujourd'hui, on lui préfère souvent l'expression « croyance vraie justifiée ».

Platon propose l'idée que la croyance vraie (« opinion droite ») n'est pas forcément une connaissance. Il donne l'exemple de la plaidoirie mensongère (Théétète, 200a-201d). Supposons qu'un avocat arrive à persuader les jurés que son client est innocent en utilisant de très mauvais arguments et des mensonges: il se peut néanmoins que son client soit véritablement innocent. Si c'est le cas, les jurés ont une opinion ou croyance (ils croient que l'accusé est innocent), et cette croyance est vraie. Pourtant, ils ne « savent » pas que l'accusé est innocent, parce qu'ils auraient pu être trompés par l'avocat. On peut ajouter un autre exemple : si vous tirez à pile ou face pour deviner s'il pleuvra demain, alors peut-être que vous tomberez juste, mais même lorsque c'est le cas, vous ne « savez » pas qu'il pleuvra demain, parce que c'est un simple coup de chance que votre croyance soit vraie.

Platon suggère donc qu'une connaissance n'est pas une simple croyance vraie, mais une croyance vraie « pourvue de raison » (Théétète 201d). Ce que Platon entend par « raison » ici est objet de débat chez les exégètes. Mais la tradition en a retenu l'explication suivante.

Une croyance est « pourvue de raison » lorsqu'elle s'appuie sur une bonne raison de croire la chose en question. Ainsi, les mensonges de l'avocat ne sont pas une bonne raison de croire que son client est innocent; de même, le fait que la pièce soit tombée sur pile n'est pas une bonne raison de croire qu'il pleuvra demain. Au contraire, croire que le client est innocent parce qu'on l'a vu ailleurs que sur les lieux du crime au moment du crime, c'est avoir une bonne raison de croire qu'il est innocent.

La définition traditionnelle suggère donc que lorsqu'une croyance s'appuie sur des bonnes raisons, et qu'elle est vraie, alors c'est une connaissance..

Deux remarques sur cette définition traditionnelle. Tout d'abord, elle ne s'applique qu'à la connaissance propositionnelle: le fait que quelqu'un sache que telle ou telle chose est vraie. La connaissance objectuelle n'est ni une croyance, ni susceptible d'être vraie : par exemple, si je connais Pierre, cela ne correspond à aucune croyance en particulier (croire en Pierre??), ni a fortiori à une croyance vraie. De même, la définition traditionnelle ne dit rien sur la connaissance comme savoir-faire.

Ensuite, la définition traditionnelle suppose que la connaissance est (au moins) une croyance vraie.

(a) elle est une croyance: si Antoine ne croit pas que la Terre est ronde, alors il ne peut pas le savoir. Pour savoir quelque chose, il faut au moins croire que c'est le cas, c'est-à-dire le tenir pour vrai.

(b) elle est une croyance vraie: si Antoine croit que Paris est en Belgique, alors il ne peut pas savoir que Paris est en Belgique, tout simplement parce que c'est faux. Inversement, si Antoine sait que les clefs sont dans le tiroir, alors il est vrai que les clefs sont dans le tiroir. Bien sûr, il peut arriver qu'Antoine pense à tort savoir où sont les clefs; mais dans ce cas, il ne sait pas en fait où elles sont. Ces deux points ((a) et (b)) ont été remis en cause, mais la plupart des philosophes continuent de les admettre aujourd'hui.

selon wikipedia,
 

ARISTOCLES-Platon, Livre VI, la République, 484a-511e

La ligne :

Mais lorsqu'on les tourne vers des objets qu'illumine le soleil, ils voient distinctement et montrent qu'ils sont doués de vue nette.
Sans doute.
Conçois donc qu'il en est de même à l'égard de l'âme; quand elle fixe ses regards sur ce que la vérité et l'être illuminent, elle le comprend, le connaît, et montre qu'elle est douée d'intelligence (436); mais quand elle les porte sur ce qui est mêlé d'obscurité, sur ce qui naît et périt, sa vue s'émousse, elle n'a plus que des opinions, passe sans cesse de l'une à l'autre, et semble dépourvue d'intelligence.
Elle en semble dépourvue, en effet. 508e
Avoue donc que ce qui répand la lumière de la vérité sur les objets de la connaissance et confère au sujet qui connaît le pouvoir de connaître, c'est l'idée du bien (437); puisqu'elle est le principe de la science et de la vérité, tu peux la concevoir comme objet de connaissance (438), mais si belles que soient ces deux choses, la science et la vérité, tu ne te tromperas point en pensant que l'idée du bien en est distincte et les surpasse en beauté; comme, 509 dans le monde visible, on a raison de penser que la lumière et la vue sont semblables au soleil, mais tort de croire qu'elles sont le soleil, de même, dans le monde intelligible, il est juste de penser que la science et la vérité sont l'une et l'autre semblables au bien, mais faux de croire que l'une ou l'autre soit le bien; la nature du bien doit être regardée comme beaucoup plus précieuse.
Sa beauté, d'après toi, est au-dessus de toute expression s'il produit la science et la vérité et s'il est encore plus beau qu'elles. Assurément, tu ne le fais pas consister dans le plaisir.

........

Prends donc une ligne coupée en deux segments inégaux (441), l'un représentant le genre visible, l'autre le genre intelligible, et coupe de nouveau chaque segment suivant la même proportion (442); tu auras alors, en classant les divisions obtenues d'après leur degré relatif de clarté ou d'obscurité, dans le monde visible, un premier segment, 509e celui des images - j'appelle images d'abord les ombres, 510 ensuite les reflets que l'on voit dans les eaux, ou à la surface des corps opaques, polis et brillants, et toutes les représentations semblables; tu me comprends?
Mais oui.
Pose maintenant que le second segment correspond aux objets que ces images représentent, j'entends les animaux qui nous entourent, les plantes, et tous les ouvrages de l'art.
Je le pose.
Consens-tu aussi à dire, demandai-je, que, sous le rapport de la vérité et de son contraire, la division a été faite de telle sorte que l'image est à l'objet qu'elle reproduit comme l'opinion est à la science (443)? 510b
J'y consens fort bien.
Examine à présent comment il faut diviser le monde intelligible.
Comment?
De telle sort
e que pour atteindre l'une de ses parties l'âme soit obligée de se servir, comme d'autant d'images, des originaux du monde visible (444), procédant, à partir d'hypothèses, non pas vers un principe, mais vers une conclusion; tandis que pour atteindre l'autre - qui aboutit à un principe anhypothétique (445) - elle devra, partant d'une hypothèse, et sans le secours des images utilisées dans le premier cas, conduire sa recherche à l'aide des seules idées prises en elles-mêmes.
Je ne comprends pas tout à fait ce que tu dis. 510c
Eh bien! reprenons-le; tu le comprendras sans doute plus aisément après avoir entendu ce que je vais dire. Tu sais, j'imagine, que ceux qui s'appliquent à la géométrie, à l'arithmétique ou aux sciences de ce genre, supposent le pair et l'impair, les figures, trois sortes d'angles et d'autres choses de la même famille, pour chaque recherche différente; qu'ayant supposé ces choses comme s'ils les connaissaien (446), ils ne daignent en donner raison ni à eux-mêmes ni aux autres, estimant qu'elles sont claires pour tous; qu'enfin, partant de là, ils 510d déduisent ce qui s'ensuit et finissent par atteindre, de manière conséquente, l'objet que visait leur enquête.

Je sais parfaitement cela, dit-il.
Tu sais donc qu'ils se servent de figures visibles (447) et raisonnent sur elles en pensant, non pas à ces figures mêmes, mais aux originaux qu'elles reproduisent; leurs raisonnements portent sur le carré en soi (448) et la diagonale en soi, non sur la diagonale qu'ils tracent, et ainsi du reste; des choses qu'ils modèlent ou dessinent, et qui 510e ont leurs ombres et leurs reflets dans les eaux, ils se servent comme d'autant d'images pour chercher à voir ces choses en soi qu'on ne voit autrement que par la pensée (449). 511
C'est vrai.
Je disais en conséquence que les objets de ce genre sont du domaine intelligible, mais que, pour arriver à les connaître, l'âme est obligée d'avoir recours à des hypo­thèses : qu'elle ne procède pas alors vers un principe - puisqu'elle ne peut remonter au delà de ses hypothèses - mais emploie comme autant d'images les originaux du monde visible, qui ont leurs copies dans la section inférieure, et qui, par rapport à ces copies, sont regardés et estimés comme clairs et distincts (450).
Je comprends que ce que tu dis s'applique à la géométrie 511b et aux arts de la même famille.

Comprends maintenant que j'entends par deuxième division du monde intelligible celle que la raison même atteint par la puissance de la dialectique, en faisant des hypothèses qu'elle ne regarde pas comme des principes, mais réellement comme des hypothèses, c'est-à-dire des points de départ et des tremplins pour s'élever jusqu'au principe universel qui ne suppose plus de condition; une fois ce principe saisi, elle s'attache à toutes les conséquences qui en dépendent, et descend ainsi jusqu'à la conclusion sans avoir recours à aucune donnée sensible, mais aux seules idées, par quoi elle procède, et à quoi 511c elle aboutit (451).
Je te comprends un peu, mais point suffisamment - car il me semble que tu traites un sujet fort difficile; tu veux distinguer sans doute, comme plus claire, la connaissance de l'être et de l'intelligible que l'on acquiert par la science dialectique de celle qu'on acquiert par ce que nous appelons les arts (452), auxquels des hypothèses servent de principes; il est vrai que ceux qui s'appliquent aux arts sont obligés de faire usage du raisonnement et non des sens : pourtant, comme dans leurs enquêtes 511d ils ne remontent pas vers un principe, mais partent d'hypothèses, tu ne crois pas qu'ils aient l'intelligence des objets étudiés, encore qu'ils l'eussent avec un principe; or tu appelles connaissance discursive, et non intelligence, celle des gens versés dans la géométrie et les arts semblables, entendant par là que cette connaissance est intermédiaire entre l'opinion et l'intelligence.

Tu m'as très suffisamment compris, dis-je. Applique maintenant à ces quatre divisions les quatre opérations 511e de l'âme : l'intelligence à la plus haute, la connaissance discursive à la seconde, à la troisième la foi, à la dernière l'imagination (453); et range-les en ordre en leur attribuant plus ou moins d'évidence, selon que leurs objets participent plus ou moins à la vérité (454).
Je comprends, dit-il; je suis d'accord avec toi et j'adopte l'ordre que tu proposes.

 
division de la ligne , sur remacle
 
ci dessous proposition de BRISSON.L, et PRADEAU.J-F,
 
les freudo-lacaniens seront émus....
 
Textes d'ARISTOCLES-Platon :
12- Gorgias, 454c-455a (la distinction de la science et de la croyance) ;
28- Ménon, 85b-86b (opinion, connaissance et réminiscence) ;
24- Philèbe, 38c-39a;
20- République, V, 476c-480a (sur l'ignorance, l'opinion et la connaissance), VI, 509d-5 1 le (la « ligne ») ;
21- Théétète, 201d,
23- le Sophiste, 263e (la dianoia) ;
35- Théagès, 189a-192c (sur l'opinion vraie ou fausse et la pensée) ;
25- Timée, 37a-c (sur l'état de l'âme du monde selon qu'elle est affectée par un objet sensible ou une forme intelligible).
 
 
Bibliographie :
- Le vocabulaire de Platon, BRISSON.L, PRADEAU.J-L, ellipses
- Théorie Générale de la Connaissance (ALLGEMEINE ERKENNSTNISLEHRE) de Moritz Schlick. Traduit de l'allemand et présenté par Christian Bonnet. Gallimard, "Bibliothèque de philosophie", 552 p., 22 €.
- extraits pp7-24,
- Wikipedia, 2,
- Epistémologie, wikipedia,